Vous cherchez un test des Prodigio Pro de La Sportiva ? Cet article est pour vous !
La Prodigio Pro de La Sportiva
Pour comprendre la philosophie derrière la La Sportiva Prodigio Pro, il faut revenir sur la trajectoire de la marque et l’évolution de sa gamme trail. La Sportiva est historiquement associée aux terrains alpins exigeants, avec des modèles techniques, robustes et précis. Mais jusqu’ici, il manquait à leur gamme une chaussure taillée spécifiquement pour l’ultra-distance à un rythme soutenu.
C’est ce vide que vient combler la Prodigio Pro. L’objectif est de proposer un amorti prononcé, une géométrie dynamique et une stabilité renforcée, en conservant l’ADN de sécurité et de fiabilité de La Sportiva, le tout sans plaque carbone. Cette chaussure cherche à aider à durer longtemps, tout en restant confortable et en permettant de maintenir une vitesse régulière malgré l’accumulation des heures et des kilomètres, à l’instar de la CloudUltra Pro de On (testée ici).
Avant de rentrer dans mon test, voyons les caractéristiques techniques de la Prodigio Pro.
Caractéristiques techniques des La Sportiva Prodigio Pro
- Poids ➡️ 255 grammes en 42 homme, 300 grammes en 46 (poids constaté).
- Hauteur du stack au talon ➡️ 34 mm.
- Hauteur du stack à l’avant-pied ➡️ 28 mm.
- Drop ➡️ 6 mm.
- Mesh ➡️ Empeigne en PES Power Wire (polyester + renforts TPU/nylon).
- Laçage ➡️ Traditionnel, lacets plats.
- Semelle extérieure ➡️ Gomme propriétaire FriXion White (XF 2.0). Crampons bi-directionnels de 4 mm en forme de U.
- Semelle intermédiaire (amorti) ➡️ Technologie XFlow : noyau TPU + azote injecté (super foam) + cage EVA + Nitro. Combinaison de mousses très dynamiques, avec couche de protection.
- Largeur du chaussant ➡️ Ajustée.
- Plaque ➡️ Aucune.
- Autres informations ➡️ Col tricoté effet “chaussette” ou mini-guêtre qui maintient le pied, pare-pierre discret à l’avant, mousse amortissante sous les lacets pour ne pas les sentir, rockers avant et arrière prononcés.
- Prix catalogue ➡️ 200 €.
Mon test des Prodigio Pro de La Sportiva
Condition du test
Ce test n’a pas été rémunéré et la paire m’a a été fournie par La Sportiva. J’ai accumulé avec cette paire près de 80km. Les sorties se sont déroulées dans la région grenobloise, ce qui m’a permis de varier les terrains : chemins roulants, portions forestières, segments de vitesse sur le plat, mais aussi quelques passages plus techniques et accidentés.
J’ai volontairement privilégié les terrains où l’on peut courir de manière fluide et soutenue, car c’est sur ce type d’utilisation que la chaussure semble avoir été pensée. Cela n’empêche pas que je l’aie aussi emmenée ponctuellement sur du technique, terrain inévitable à Grenoble, afin de tester sa réaction dans ces conditions.
Je le ai utilisées sur différents types de sortie : des footings tranquilles, des séances plus dynamiques, ainsi qu’une manche du Grésivaudan Express, course verticale avec 700 mètres de dénivelé positif avalés à haute intensité. Cette diversité m’a permis d’évaluer le confort, le dynamisme et la polyvalence de la Prodigio Pro dans des contextes d’utilisation proches de ceux qu’elle pourrait rencontrer en compétition ou en entraînement long.
Comparaison avec la Cloudultra Pro et la S/Lab Genesis
La Prodigio Pro se situe à l’interface entre deux références bien connues du marché : la Cloudultra Pro d’On (test complet) et la S/Lab Genesis de Salomon (test complet).
Dans les premiers kilomètres, les sensations rappellent clairement la Cloudultra Pro : rocker prononcé, chaussant proche du pied, dynamisme marqué et foulée fluide. On retrouve cette impression de super shoes taillées pour l’ultra, avec un déroulé agréable et une géométrie qui favorise la relance.
Cependant, après une cinquantaine de kilomètres, la mousse de la Prodigio Pro évolue et perd une partie de son rebond initial. Les sensations se rapprochent alors davantage de la S/Lab Genesis : une chaussure plus ferme, moins explosive, mais stable et fiable dans le temps. À la différence de la Genesis, qui reste assez minimaliste et peu dynamique, la Prodigio conserve tout de même un amorti supérieur et une certaine polyvalence.
En résumé, la Prodigio Pro combine une partie du confort et du dynamisme de la Cloudultra Pro avec la précision et la proximité du sol de la Genesis. Ce positionnement hybride la rend moins extrême que ses concurrentes, mais plus adaptable à une variété de contextes, du roulant aux terrains plus alpins.
Une mousse dynamique sans fort effet du rocker
Tout d’abord, la Prodigio Pro se distingue par une mousse réactive, capable d’apporter un bon retour d’énergie sur différents types d’allure. On ressent rapidement un dynamisme supérieur aux anciens modèles de La Sportiva, ce qui en fait une chaussure agréable à courir, même sur le long, quoi que le rebond diminue un peu après 50km.
En revanche, l’effet du rocker reste limité. Bien que sa géométrie affiche un basculement marqué à l’avant et à l’arrière, la transition de foulée est moins perceptible qu’avec d’autres modèles comme la Cloudultra Pro ou la Vectiv Pro de The North Face. Le déroulé est fluide, mais pas suraccentué : la propulsion provient davantage de la mousse que du basculement mécanique.
Une semelle confortable et ferme
Le confort de la Prodigio Pro se situe dans une zone intermédiaire : suffisant pour envisager de longues heures de course, mais sans chercher à rivaliser avec les modèles les plus moelleux du marché. Sous le pied, l’amorti est agréable et protecteur, même si l’on reste loin de la douceur d’une Hoka ou du moelleux d’une Cloudultra Pro. Les sensations se rapprochent davantage de celles d’une S/Lab Genesis, avec une fermeté assumée mais qui ne génère pas d’inconfort, même sur terrain accidenté.
L’accueil du pied est travaillé avec quelques détails appréciables : un contrefort de talon bien rembourré qui protège le tendon d’Achille, des mousses sous la languette qui limitent la pression des lacets, et une enveloppe en forme de chaussette qui maintient efficacement le pied. Néanmoins, le mesh manque un peu de douceur à l’avant-pied, et certains coureurs pourraient souhaiter un toucher intérieur plus moelleux.
Une bonne accroche à perfectionner
Avec ses crampons de 4 mm au dessin bidirectionnel, la Prodigio Pro affiche sur le papier un profil agressif capable d’assurer sur une large variété de terrains. Pourtant, à l’usage, l’accroche se révèle correcte mais pas exceptionnelle. Sur les sentiers secs et roulants, la traction est efficace et sécurisante, mais dans les montées raides ou sur terrain meuble, on aimerait un mordant un peu plus marqué. Lors du Grésivaudan Express, par exemple, il m’est arrivé de sentir le pied légèrement glisser en arrière lors de marches rapides en côte.
La gomme utilisée est rigide et durable, fidèle à l’ADN de La Sportiva, mais le dessin des crampons semble limiter le grip par rapport à ce que l’on pourrait attendre d’une profondeur de 4 mm. En comparaison, l’accroche n’apporte pas un avantage décisif par rapport à la Cloudultra Pro, pourtant connue pour son léger déficit dans ce domaine.
Une stabilité rassurante
La Prodigio Pro propose une stabilité que l’on peut qualifier de “juste ce qu’il faut”. Le contrefort talon est semi-rigide : plus ferme que celui d’une S/Lab Genesis, extrêmement souple, mais moins contraignant qu’un renfort très rigide destiné à verrouiller totalement l’arrière-pied. Ce compromis permet de garder un certain maintien sans brider la liberté de mouvement.
Sur le terrain, la chaussure ne donne pas l’impression de manquer d’assise. Son chaussant ajusté, sa proximité du sol et son profil relativement bas favorisent une bonne maîtrise du pied, même sur des sections techniques ou irrégulières. Contrairement à la Cloudultra Pro, qui peut fatiguer les stabilisateurs de cheville lorsqu’elle est poussée sur du très technique, la Prodigio Pro reste plus neutre et rassurante.
Quelques particularités
Un mesh marquant
Le mesh de la Prodigio Pro est sans doute l’un des éléments les plus marquants de la chaussure. Très particulier dans sa texture, il évoque presque un maillage technique ou un filet superposé, donnant une impression immédiate de robustesse. Loin des empeignes très souples et aérées que l’on retrouve sur certaines concurrentes, La Sportiva a choisi ici un matériau dense, pensé pour résister aux frottements et aux contraintes mécaniques.
Après un peu plus de 80 kilomètres, aucune trace d’usure n’est visible sur le mesh, malgré des sorties variées. Certes, je n’ai pas encore emmené la chaussure dans des environnements extrêmement abrasifs, mais cette résistance initiale laisse penser que la durabilité sera au rendez-vous. Cela s’inscrit dans l’ADN de La Sportiva, marque historiquement reconnue pour proposer des modèles robustes et fiables dans le temps.
Il faudra évidemment confirmer ce constat sur plusieurs centaines de kilomètres, mais tout indique que la Prodigio Pro devrait offrir une empeigne solide et durable, capable de supporter une utilisation longue sans se dégrader rapidement.
Un chaussant très fin
La Sportiva a opté pour un fit très ajusté, avec une empeigne tricotée en forme de chaussette qui enveloppe totalement le pied. L’ensemble est proche, précis, et donne une réelle impression d’osmose entre le mouvement du pied et la réaction de la chaussure. Pour les coureurs habitués à des modèles larges comme certaines Altra ou des chaussures à toebox généreuse, ce choix pourra sembler contraignant.
À l’inverse, les coureurs aux pieds fins ou qui apprécient les chaussures très fittées y trouveront un réel avantage en termes de précision et de stabilité. Le maintien latéral est excellent, et l’absence de flottement renforce la confiance sur les appuis, notamment en descente ou dans les parties techniques. Il faut néanmoins garder à l’esprit que ce chaussant très proche du pied peut nécessiter une demi-pointure supplémentaire pour certains, afin d’éviter toute gêne à l’avant.
Conclusion – Mon avis sur les Prodigio Pro
Avec la Prodigio Pro, La Sportiva franchit un cap dans sa gamme trail. On retrouve l’ADN de la marque, robustesse, fiabilité, durabilité, mais appliqué cette fois à une chaussure plus légère, plus dynamique et tournée vers la performance longue distance.
J’ai apprécié son confort global, son fit ajusté et précis, ainsi que sa capacité à rester agréable à courir dans des contextes variés, du footing tranquille à l’effort soutenu sur des portions roulantes. Sa mousse apporte du dynamisme sans excès, ce qui lui donne un caractère polyvalent et accessible. Le rocker, bien que marqué visuellement, se ressent finalement peu à la course, mais cela n’enlève rien à la fluidité du déroulé.
Quelques points restent perfectibles : une accroche qui pourrait gagner en mordant, un mesh au confort un peu spartiate par endroits, et un dynamisme qui ne rivalise pas avec les modèles les plus explosifs du marché. Pour une chaussure pensée pour le dynamisme on aurait pu vouloir une mousse un peu plus rebondissante. Mais dans l’ensemble, la Prodigio Pro réussit à trouver un équilibre intéressant entre performance, stabilité et polyvalence.
C’est une chaussure que je considère comme une réussite, capable d’accompagner aussi bien une SaintéLyon qu’un ultra plus montagnard, et qui devrait séduire les traileurs cherchant un modèle fiable et complet sans tomber dans l’extrême. Pour une première incursion de La Sportiva sur ce segment, c’est un pari réussi.
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La vidéo du test des Prodigio Pro
