Vous vous demandez comment choisir vos chaussures de trail et de running ? Cet article est fait pour vous !

Table of Contents

Comment choisir ses chaussures de trail ?

Choisir ses chaussures de trail et de running : un choix compliqué

Chaussure la chaussure de trail ou de running idéale peut être complexe ! Les tests matériels, comme ceux que je réalise (ici) peuvent aider ! Néanmoins, il faut parfois tester plusieurs paires avant de trouver le type de chaussures qui nous convient parfaitement. Pour commencer cet article, je trouve intéressant de vous parler de l’étude de Fife et al. de 2024. Ces auteurs se sont justement intéressés aux facteurs influençant le choix des chaussures de course à pied en magasin. Ils ont considéré à la fois ce qui amenait un individu à préférer une paire plutôt qu’une autre, et au contenu du discours des vendeurs, pouvant aussi influencer ce choix.

Parmi les 101 coureurs et 38 vendeurs sondés, les facteurs les plus cités par les coureurs pour choisir leurs chaussures est le confort, qui est subjectif, et souvent déterminé par l’amorti et le fit ; et les analyses de foulée proposées en magasin. Les athlètes choisissent surtout en fonction des conseils des vendeurs. Cependant, cette étude montre que ces conseils donnés en magasin ne sont pas toujours fiables ou scientifiquement fondés.

Les connaissances et le bienfondés des conseils reçu en magasin pouvant, parfois, être questionnés, il me semble utile de bien comprendre les caractéristiques techniques des chaussures pour à priori affiner nos choix, et mettre toutes les chances de notre côté.

Anatomie d’une chaussure de trail et de running

Avant de continuer, prenons un instant pour comprendre de quoi est constituée une chaussure de trail. Dans un modèle trail, on retrouve généralement :

  • Crampons : Structures de la semelle extérieure permettant l’accroche sur terrains techniques. Parfois de formes différentes entre différentes parties de la chaussure.
  • Contrefort : Partie rigide au talon, stabilise et soutient l’arrière du pied.
  • Éléments de contrôle de la pronation et/ou de la supination (optionnel) : Éléments intégrés pour stabiliser et corriger la posture du pied.
  • Lacets : Permettent l’ajustement de la chaussure.
  • Languettes : Protègent le pied des pressions des lacets.
  • Mesh : Matière respirante et flexible recouvrant l’empeigne, favorisant la ventilation. Parfois en matériau spécifique (p. ex. Matryx, Ripstop).
  • Pare-pierre : Protection à l’avant de la chaussure, préserve des chocs contre les rochers.
  • Plaque carbone (optionnelle) : Intercalée dans la semelle intermédiaire, améliore la propulsion et la rigidité longitudinale.
  • Renforts latéraux (optionnels) : Protègent et renforcent les côtés de la chaussure, augmente la stabilité du pied.
  • Rocker avant/arrière (optionnel) : Courbure de la semelle facilitant une transition plus fluide entre l’attaque du talon et la propulsion avant.
  • Semelle intérieure : Souvent amovible, elle offre un premier niveau d’amorti et de confort.
  • Semelle intermédiaire : Principal amorti de la chaussure, absorbe les chocs lors de l’impact au sol.
  • Semelle extérieure : Partie en contact direct avec le sol, offre adhérence et durabilité grâce à des matériaux spécifiques.

Quelles questions se poser pour choisir une chaussure de trail ?

Lorsque je choisis une chaussure de trail, plusieurs critères me semblent essentiels à considérer : le poids, qui influence directement l’économie de course ; l’accroche, cruciale pour les terrains techniques ; la rigidité longitudinale et transversale, qui affecte la stabilité ; la présence d’une plaque carbone ou non, qui améliore la propulsion ; l’amorti, indispensable pour réduire les impacts; le drop, qui est la différence de hauteur entre l’amorti au talon et l’amorti à l’avant pied ; et enfin le maintien, avec des technologies comme le contrôle de la pronation ou le maintien du talon. Si l’accroche et la rigidité longitudinale ont peu été étudiées dans la littérature, des recherches solides existent pour les autres aspects, et nous allons donc approfondir ces points à partir des données disponibles, pour mieux choisir nos futures chaussures de trail.

Choisir ses chaussures de trail selon leur poids ?

L’économie de course est un indicateur clé de performance, mesurant la demande en oxygène pour une vitesse donnée. Une méta-analyse de Fuller et al. (2014) s’est penchée sur l’impact de différents paramètres des chaussures, dont le poids, l’amorti, et la rigidité longitudinale, sur l’économie de course des coureurs d’endurance. Après avoir analysé 15 études, impliquant 243 participants, les chercheurs ont démontré une corrélation directe entre le poids des chaussures et la consommation d’oxygène : plus les chaussures sont lourdes, plus le coût du déplacement est élevé. À partir d’un poids de 220 g (taille 42 homme), ce coût est stable, mais au-delà, il se dégrade, et en-dessous il s’améliore. Cette analyse indique qu’opter pour des chaussures légères permet donc d’améliorer l’économie de course.

Chaussures légères = gains en performance

Les résultats de cette méta-analyse montrent que les chaussures légères et minimalistes présentent des avantages clairs pour l’économie de course. L’étude révèle que la différence la plus significative se manifeste lorsqu’on compare des chaussures dites “lourdes” à des modèles plus légers. Cela signifie qu’en choisissant des chaussures plus légères, les coureurs peuvent réduire leur consommation d’oxygène et, par conséquent, améliorer leur performance. Cependant, il est important de rappeler que ces résultats sont basés sur des études réalisées entre 1985 et 2014. Les avancées technologiques des dernières années (p. ex. les nouvelles mousses, les plaques de carbone) ne sont pas prises en compte dans cette étude. Cela peut limiter l’applicabilité directe des conclusions aux chaussures actuelles.

Chaussures légères et ultra-trail : une adaptation nécessaire

Chaussures légères et ultra-trail

Dans le contexte spécifique de l’ultra-trail, où les distances sont longues et les terrains accidentés, les chaussures légères présentent néanmoins certaines limites qu’il faut garder en tête. Par exemple, selon Millet et al. en 2012, bien que les chaussures légères soient préférables pour l’économie de course sur des distances plus courtes, elles peuvent devenir problématiques en ultra-trail. En effet, elles exigent une plus grande activation des muscles fléchisseurs plantaires, c’est-à-dire des mollets, déjà fortement sollicités lors de ces épreuves. Cette sollicitation accrue augmente les risques de fatigue musculaire, ce qui peut se traduire par une augmentation des forces d’impact, notamment en descente. Cela pourrait entraîner des dommages musculaires plus prononcés, en particulier dans les cuisses (quadriceps).

Dans le cadre de l’ultra, le poids des chaussures aurait donc un intérêt moins prononcé, contrairement aux distances plus courtes. En effet, la fatigue musculaire devient le principal facteur à prendre en compte, ce qui limiterait l’intérêt des chaussures légères dans ce contexte. La méta-analyse de Fuller et al. souligne qu’il est essentiel de replacer leurs résultats dans le contexte spécifique de la course préparée : distance, dénivelé, durée, et surtout volume d’entraînement.

Les risques de blessures liés aux chaussures minimalistes

En plus de l’effet sur l’économie de course, les chaussures minimalistes présentent des risques potentiels pour la santé des coureurs. Fuller et al. (2014) ont mis en évidence que, bien que les chaussures minimalistes améliorent le coût énergétique, elles peuvent augmenter le risque de blessure. L’étude de Ridge et al. (2013) a par exemple montré que des œdèmes osseux apparaissent parfois chez les coureurs qui passent à des chaussures minimalistes, même après une transition progressive de trois mois. Ces résultats suggèrent que l’adoption de chaussures légères, voire minimalistes, doit être faite avec prudence.

Les résultats de Cheung et Ngai (2016) confirment également ces observations. Leur méta-analyse a montré que, bien que les chaussures légères améliorent le coût énergétique comparativement à des modèles plus lourds, elles peuvent aussi entraîner des risques accrus de blessure. En particulier, sur des distances longues ou en situation d’entraînement intensif, l’utilisation de chaussures minimalistes peut exposer les coureurs à des dommages musculosquelettiques, notamment à cause de l’excès de forces appliquées sur le pied et les membres inférieurs.

Adapter ses chaussures au type de course

L’essentiel à retenir de ces études est que le choix des chaussures peut inclure le poids des chaussures, mais ne doit pas se limiter à ce dernier. Il doit prendre en compte le type de course, la durée, et le terrain. Pour les courtes distances, des chaussures légères peuvent maximiser la performance en améliorant l’économie de course. Toutefois, pour des courses longues comme des formats longs ou des ultra-trails, où la fatigue musculaire devient un facteur limitant de la performance, des chaussures plus protectrices pourraient s’avérer plus adaptées, offrant un compromis entre économie de course et protection.

 

Choisir ses chaussures de trail selon le drop

Une autre caractéristique qui peut nous amener à choisir une chaussure plutôt qu’une autre est son drop. L’étude menée par Malisoux et al. (2016) a cherché à déterminer si le drop (c.-à-d. la différence de hauteur entre l’amorti à l’avant-pied et celui au talon) d’une chaussure impactait le risque de blessure. La majorité des études comparent des chaussures minimalistes à des modèles traditionnels. Autrement dit, elles mélangent de nombreux paramètres dans une seule comparaison. Contrairement à cela, cette expérimentation s’est concentrée uniquement sur l’effet du drop en isolant trois niveaux : 10 mm (D10), 6 mm (D6) et 0 mm (D0), le tout au travers d’un essai contrôlé randomisé. Il s’agit donc d’une étude sérieuse et fiable, comme vous allez le comprendre.

Cet essai a impliqué au total 553 coureurs et coureuses. Ces participants étaient répartis aléatoirement en trois groupes selon le drop de la chaussure qu’ils avaient reçue. Tous les participants étaient en bonne santé. Ils n’avaient pas utilisé de chaussures minimalistes dans les 12 mois précédents, et devaient courir au moins une fois par semaine. Ils ont été suivis pendant 6 mois pour évaluer l’apparition, ou non, de blessures. De plus, après avoir répondu à un questionnaire, les coureurs ont été classés en deux catégories. Ceux ayant couru régulièrement durant les 12 mois précédant l’étude étaient catégorisés coureurs réguliers. Ceux n’ayant pas couru régulièrement durant les 12 mois précédant l’étude étaient catégorisés coureurs occasionnels.

Drop des chaussures et blessures, une affaire de volume

Sur l’ensemble des participants, environ 25 % se sont blessés durant la période d’étude. Contrairement aux hypothèses des auteurs, aucune différence significative dans le risque de blessure n’a été observée entre les différents drops (D0, D6, D10).

Des analyses supplémentaires ont révélé que les coureurs occasionnels, soit ceux n’ayant pas couru régulièrement durant les 12 mois précédant l’étude, se blessaient moins en utilisant des chaussures à faible drop (D0 et D6), tandis que les coureurs réguliers se blessaient moins avec des chaussures à drop élevé (D10). Cela suggère que l’effet du drop sur le risque de blessure dépend du niveau d’expérience et de l’intensité de l’entraînement.

En effet, les auteurs émettent l’hypothèse que les coureurs occasionnels, moins expérimentés, bénéficieraient des petits drops qui encourageraient une foulée plus protectrice, tout en permettant un développement progressif de la musculature adaptée à la course. En revanche, chez les coureurs réguliers, l’accumulation de volume d’entraînement avec ce type de drop augmente les contraintes sur les muscles et les tendons. Alors, ces petits drops seraient prédicteurs de blessures, et les chaussures à drop élevé seraient plus appropriées.

Blessure en running et fréquence d’entraînement

Petite parenthèse sur un autre résultat de cette étude. Les analyses ont aussi montré que les coureurs s’entraînant plus fréquemment sont aussi ceux qui se sont le plus blessés pendant l’étude. Ce résultats soulignent que la fréquence d’entraînement joue un rôle central dans le risque de blessure. Des entraînements en course à pied trop fréquents pourraient augmenter le risque de blessures. Les auteurs avance l’idée de trouver une “fenêtre optimale” de fréquence d’entraînement. Personnellement, je pourrais mettre ce résultat en relation avec les nombreux entraîneurs et travaux qui soulignent l’intérêt de l’entraînement croisé.

En alternant les pratiques (p. ex. trail, musculation, cyclisme), une approche de l’entraînement dite croisée pourrait limiter la fréquence des entraînements à pieds, laissant ainsi le temps au système de récupérer, de se régénérer, tout en continuant à développer diverses capacités. En d’autres termes, elle permettrait de répartir la charge entre différentes pratiques, au lieu de la concentrer à travers une seule.

Recommandations pratiques : adapter le drop à son profil de coureur

En conclusion, Malisoux et al. (2016) recommandent aux coureurs occasionnels de privilégier des chaussures à faible drop pour bénéficier d’une meilleure adaptation biomécanique et éviter les blessures. En revanche, les coureurs réguliers, plus expérimentés et avec un volume d’entraînement élevé, devraient envisager des chaussures à drop élevé, mieux adaptées à leur charge d’entraînement et à leurs besoins en protection musculaire. Leurs résultats peuvent aussi souligner l’intérêt de pratique l’entraînement croisé, et de ne pas s’entraîner à pied trop fréquemment.

 

Choisir ses chaussures : contrôle de la pronation et de la supination, ou pas ?

Crédits : https://blog.run24.mx/supinador-o-pronador-como-saber-tu-tipo-de-pisada/. Image traduite sans modification.

La même année, Malisoux et al. se sont intéressées à l’effet de l’intégration du contrôle de la pronation et de la supination dans une chaussure sur le risque de blessure en course à pied. Contrairement aux études comparant chaussures minimalistes et traditionnelles, cette étude a, là encore, isolé ce seul paramètre pour examiner s’il influençait la survenue de blessures chez les coureurs réguliers.

L’étude a recruté 372 participants, tous courant au moins une fois par semaine, et sans antécédents de blessures récentes. Chaque coureur a reçu une paire de chaussures aléatoirement, soit avec un contrôle du pied, soit une chaussure neutre. Les auteurs ont utilisé le Foot Posture Index pour catégoriser les participants selon leur morphologie du pied. Celle-ci peut-être neutre, pronatrice, ou supinatrice. Le Foot Posture Index c’est un outil validé scientifiquement qui permet de comparer simplement de place la morphologie d’un pied dans une case ou une autre. Ce n’est pas optimal, évidemment, mais dans certains contextes, c’est utile. La durée de l’étude était là encore de 6 mois, pendant lesquels les coureurs, et leurs éventuelles blessures, ont été minutieusement suivis.

Résultats : contrôle du pied et réduction des blessures

Au total, 25 % des participants se sont blessés pendant les 6 mois de l’étude. Parmi ceux qui portaient des chaussures neutres, 32 % ont signalé des blessures, contre seulement 18 % dans le groupe portant des chaussures contrôlant la pronation et la supination. Cette différence était statistiquement significative. Cela souligne que les chaussures avec contrôle de pronation et de supination réduirait le risque de blessure.

Mais leurs conclusions ne s’arrêtent pas là ! Leurs analyses supplémentaires ont révélé que ce effet protecteur des chaussures avec contrôle de la pronation et de la supination, n’était significatif que chez les coureurs pronateurs. Dans ce groupe, les chaussures de contrôle ont diminué le nombre de blessures. En revanche, les coureurs avec une morphologie du pied supinatrice ou neutre n’ont pas observé de bénéfices particuliers.

Aussi, le choix de chaussures avec contrôle de la pronation pourrait être intéressant pour les personnes pronatrice. Personnellement, j’aurais même tendance à ajouter que ce choix devrait surtout se faire si des chaussures dites “classiques” engendrent des gènes, des douleurs, ou des blessures. En l’absence de ces dernières, il me semble raisonnable de penser qu’aucune recherche spécifique de ce type de contrôle n’est nécessaire.

 

Choisir ses chaussures de trail selon leur confort

Tout comme Fuller et al. (2014), van Alsenoy et al. (2023) se sont intéressés au coût du déplacement, puisqu’il s’agit d’un facteur clé de la performance en course à pied et en trail. Ces chercheurs ont exploré si un confort accru des chaussures pouvait influencer positivement ce paramètre. Leur hypothèse est que des chaussures plus confortables pourraient réduire l’activité musculaire et la fatigue, améliorant donc les performances.

Leur méta-analyse s’est concentrée sur 4 études sélectionnées, incluant des modèles récents de chaussures. Cette équipe a donc comparé le coût du déplacement à une vitesse de course sous-maximale dans différentes conditions. Les participants portaient soit des chaussures peu confortables, soit des chaussures “neutres” (ou “habituelles”) soit des chaussures jugées confortables. Parmi ces dernières, on retrouvait des modèles avec un amorti amélioré, un ajustement personnalisé ou tout simplement les chaussures préférées des coureurs parmi plusieurs options proposées.

Résultats : le confort, un atout pour l’économie de course

Les résultats montrent de façon cohérente que les participants qui portaient des chaussures qu’ils considéraient comme confortables démontraient un coût du déplacement inférieur. Autrement dit, il était meilleur par rapport à celui observé avec des chaussures jugées moins confortables. Cette tendance était homogène entre les études, soulignant une robustesse des résultats.

Ces preuves suggèrent une association entre le confort des chaussures et une amélioration de l’économie de course. Néanmoins, les auteurs appellent à la prudence. Le nombre limité d’études (4 seulement) et le faible nombre de participants dans chaque étude limitent la portée des conclusions. Cependant, la force de cette méta-analyse réside dans le fait qu’elle intègre des modèles récents, offrant ainsi des conclusions pertinentes vis-à-vis du marché actuel des chaussures de running. Des études supplémentaires avec un échantillon plus large seraient nécessaires pour confirmer ces résultats et explorer davantage l’impact du confort sur la performance.

Choisir des chaussures avec une plaque carbone ?

Les chaussures à plaques carbone ont marqué un tournant dans les chaussures de running. Elles sont apparus avec les Nike Vaporfly, apparues pour la première fois lors du projet Breaking-2. L’innovation de ces chaussures réside dans l’intégration d’une plaque en fibre de carbone dans la semelle intermédiaire sur toute la longueur de la chaussure. C’est un changement radical par rapport aux plaques situées uniquement à l’avant-pied des modèles précédents, elles mêmes rarement utilisées. Ces nouvelles plaques en fibre de carbone sont combinées avec des mousses modernes à fort retour d’énergie pour optimiser la force de réaction au sol. L’objectif de cette combinaison est de réduire le coût du déplacement donc d’améliorer la performance des coureurs.

Les plaques carbone fonctionnent en augmentant la rigidité longitudinale de la chaussure. Cela signifie qu’elles limitent la torsion de la chaussures pendant la course, ce qui réduit la dépense énergétique à chaque foulée. Cependant, leur efficacité dépend de plusieurs facteurs comme la forme, le positionnement et le type de plaque (incurvée ou plate, intégrale ou partielle). Les premières études sur ce sujet rapportent une amélioration du coût du déplacement allant de 2 à 4 %.  Cette méta-analyse vise à explorer de manière plus précise cet effet en considérant également d’autres paramètres comme le poids des chaussures et la vitesse de course.

Les chaussures à plaque carbone permettent-elles de courir plus vite ?

Pour réaliser cette méta-analyse, les chercheurs ont analysé les résultats de 12 études fiables, avec un haut score de qualité. Ces études comparaient des chaussures standard (dites “contrôle”) à des chaussures équipées de plaques carbone qui augmentaient la rigidité longitudinale. Les mesures incluaient le coût du déplacement, la longueur de la foulée, la fréquence de pas et le temps de contact au sol. Les participants, majoritairement des hommes en bonne santé sans blessures récentes, ont parfois été testés à différentes vitesses de course.

Résultats : une amélioration globale du coût du déplacement

Les analyses statistiques montrent que, toutes études confondues, les chaussures à plaques carbone réduisent significativement le coût du déplacement. En moyenne, avec une chaussure à plaque ce dernier est 2,2 % inférieur comparativement à des chaussures neutres pour une même vitesse de déplacement. Cette réduction homogène souligne l’impact positif de la rigidité longitudinale sur l’efficacité de la course.

D’autres analyses de cette étude montrent une augmentation significative du temps de contact au sol et une longueur de foulée plus importante avec les chaussures à plaque carbone.

Plaques incurvées et intégrales : les meilleures performances

Les analyses de sous-groupes ont montré que toutes les plaques carbone ne se valent pas. Les plaques incurvées, couvrant toute la longueur de la chaussure, offrent une amélioration de 3,45 % du coût du déplacement, contre 2,2 % pour les plaques plates. Cette dernière amélioration n’est d’ailleurs pas significative. Les plaques incurvées semblent mieux accompagner le mouvement naturel du pied, ce qui permet d’optimiser l’efficacité du retour d’énergie.

De plus, les plaques limitées à l’avant-pied n’ont pas montré d’effets significatifs. D’autres analyses de cette étude soulignent que l’efficacité d’une plaque en carbone se retrouve lorsqu’elle recouvre l’ensemble de la semelle.

L’influence du poids et de la vitesse de course

Ces auteurs soulignent aussi que le poids de la chaussure est un facteur important. Les gains liés aux plaques carbone sont plus prononcés avec des chaussures globalement légères. Cependant, les améliorations sont tout de même présente lorsque le poids de la chaussure augmente. Cela signifie que la présence de la plaque carbone parvient à compenser, dans une certaine mesure, l’augmentation du poids de la chaussure.

Enfin, l’effet des plaques carbone sur le coût du déplacement est observé à toutes les vitesses de course considérée dans cette étude. Cependant, il est plus marqué à des vitesses élevées. Par exemple, à ces dernières l’amélioration atteint jusqu’à 3,50 % en moyenne, contre 1,50 % en moyenne à des vitesses plus basses.

Discussion : des bénéfices conditionnés par la construction des plaques

Cette méta-analyse montre que les chaussures équipées de plaques carbone apportent un bénéfice significatif. Ce dernier est non négligeable comme parfois cru, en termes de réduction du coût du déplacement. Toutefois, l’efficacité des plaques dépend fortement de leur forme et de leur positionnement. Les plaques incurvées couvrant toute la semelle intermédiaire s’avèrent être les plus performantes, tandis que les plaques partielles ou plates offrent moins d’avantages.

Je trouve intéressant de noter que ces résultats sont en accord avec ceux de Joubert et Jones (2022). Ces auteurs avaient montré que que la présence d’une plaque carbone améliore le coût du déplacement. Cependant, toutes les chaussures à plaque n’étaient pas égales. En comparant 7 paires de chaussures avec plaque disponibles sur le marché, ces auteurs n’avait retrouvé une réelle amélioration de ce coût chez seulement 3 d’entre elles. Cela laisse entre que la conception et la façon d’intégrer une plaque dans la chaussure sont déterminantes pour maximiser l’efficacité. Avoir une plaque carbone ne suffit pas : la construction globale de la chaussure doit respecter des critères spécifiques pour garantir les bénéfices attendus.

 

Conclusion – Comment choisir ses chaussures de trail ?

En résumé, choisir la bonne chaussure de trail peut s’avérer compliqué. L’étude de Fife et al. (2024) a montré que les coureurs se fient souvent au confort et aux conseils des vendeurs en magasin, bien que ces recommandations ne soient pas toujours fondées scientifiquement. Cela souligne la difficulté pour un coureur de trouver la paire idéale du premier coup. Il me sembler donc intéressant d’acquérir de bonnes connaissances sur les caractéristiques techniques des chaussures afin de mieux orienter ses choix.

Choisir ses chaussures de trail en fonction du poids

Le poids des chaussures joue un rôle crucial dans l’économie de course. Comme discuté, les études montrent qu’une chaussure plus légère réduit la consommation d’oxygène et améliore la performance. Cependant, en ultra-trail, des chaussures plus lourdes peuvent offrir une meilleure protection et un meilleur confort. Cela est pertinent surtout sur de longues distances où la fatigue s’accumule. Il est donc recommandé de privilégier des chaussures légères pour des courses plus courtes ou techniques, et des modèles plus protecteurs pour des épreuves longues.

L’importance du drop dans le choix des chaussures

Le drop de la chaussure, c’est-à-dire la différence de hauteur entre le talon et l’avant-pied, est un facteur à prendre en compte. Les coureurs occasionnels bénéficient de petits drops (p. ex. 0 à 6 mm), favorisant une foulée protectrice. En revanche, pour les coureurs réguliers avec un volume d’entraînement élevé, un drop plus important (p. ex. 10 mm) réduit le risque de blessure en diminuant les contraintes sur les muscles et tendons. Choisissez un drop adapté à votre pratique et à votre expérience.

Confort et performances en trail

Le confort est un critère souvent subjectif, mais essentiel pour la performance et la réduction des blessures. Des chaussures qui épousent bien la forme du pied, avec un amorti suffisant, améliorent l’économie de course. Pour bien choisir, il est conseillé de tester plusieurs modèles et d’opter pour celui qui vous semble le plus confortable lors de vos sorties d’entraînement. Un bon ajustement et une sensation d’harmonie avec le pied sont souvent de bons indicateurs d’une chaussure qui vous convient.

Plaques carbone : un choix pour la performance

Les plaques carbone, présentes dans certaines chaussures de trail, augmentent la rigidité longitudinale et réduisent le coût du déplacement. Les plaques incurvées sur toute la longueur de la chaussure semblent les plus efficaces, surtout à haute vitesse. Si vous recherchez un gain en performance et une meilleure propulsion, optez pour un modèle intégrant une plaque carbone incurvée sur l’entièreté de la chaussure.

Pronation, supination et maintien du pied

Pour les pieds pronateurs, une chaussure avec un contrôle de la pronation ou supination peut prévenir les blessures. Les chaussures neutres conviennent souvent à la majorité des coureurs, mais si vous avez une morphologie spécifique du pied et ressentez des douleurs ou des gênes, privilégiez des modèles offrant un support renforcé. Il est important d’écouter les signaux de votre corps et d’ajuster vos choix en fonction des sensations ressenties lors de la course.

Et pour vous guider dans ces choix, retrouvez ici mes tests matériels avec de nombreuses chaussures passées au peigne fin !

 

Références bibliographiques

• Cheung, R. T., & Ngai, S. P. (2016). Effects of footwear on running economy in distance runners: A meta-analytical review. Journal of science and medicine in sport19(3), 260-266.(Lien).
• Fife, A., Ramsey, C., Esculier, J. F., & Hébert-Losier, K. (2024). How do runners select their shoes? An in-store experience. Footwear Science, 1-9. (Lien).
• Fuller, J. T., Bellenger, C. R., Thewlis, D., Tsiros, M. D., & Buckley, J. D. (2015). The effect of footwear on running performance and running economy in distance runners. Sports medicine45, 411-422. (Lien).
• Joubert, D. P., & Jones, G. P. (2022). A comparison of running economy across seven highly cushioned racing shoes with carbon-fibre plates. Footwear Science14(2), 71-83. (Lien).
• Malisoux, L., Chambon, N., Urhausen, A., & Theisen, D. (2016). Influence of the heel-to-toe drop of standard cushioned running shoes on injury risk in leisure-time runners. a randomized controlled trial with 6-month follow-up. The American journal of sports medicine44(11), 2933-2940. (Lien).
• Malisoux, L., Chambon, N., Delattre, N., Gueguen, N., Urhausen, A., & Theisen, D. (2016). Injury risk in runners using standard or motion control shoes: a randomised controlled trial with participant and assessor blinding. British journal of sports medicine50(8), 481-487. (Lien).
• Millet, G. Y., Hoffman, M. D., & Morin, J. B. (2012). Sacrificing economy to improve running performance—a reality in the ultramarathon?. Journal of applied physiology113(3), 507-509. (Lien).
• Ridge, S. T., Johnson, A. W., Mitchell, U. H., Hunter, I., Robinson, E., Rich, B. S., & Brown, S. D. (2013). Foot bone marrow edema after a 10-wk transition to minimalist running shoes. (Lien).
• Rodrigo-Carranza, V., González-Mohíno, F., Santos-Concejero, J., & González-Ravé, J. M. (2022). The effects of footwear midsole longitudinal bending stiffness on running economy and ground contact biomechanics: A systematic review and meta-analysis. European Journal of Sport Science22(10), 1508-1521. (Lien).

 

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