- Vous vous demandez ce qu’est le RED-S en trail et running ? Cet article est pour vous
Qu’est-ce que le RED-S ?
Un phénomène féminin et restreint, à un syndrome large qui touche tout le monde
Ces dernières années, le terme RED-S a évolué, tant en terme de concept que des athlètes concernés. Le syndrome RED-S (Relative Energy Deficiency in Sport) est une évolution du concept de Triade de l’Athlète Féminine. Cette triade regroupait trois symptômes principaux : une faible disponibilité énergétique, des troubles menstruels, et une altération de la santé osseuse. À l’époque, elle concernait surtout les athlètes féminines. Cette triade soulignait comment la sous-alimentation et un déséquilibre énergétique pouvaient impacter la santé physique et hormonale des sportives.
En 2014, le Comité International Olympique a introduit le terme RED-S. Il a ainsi étendu ce syndrome au-delà des trois symptômes initiaux. Avec ce terme, un spectre plus large de conséquences de ce syndrome sont souligné, et les athlètes féminins et masculins peuvent être touchés. En effet, comme l’expliquent de Suza et al., 2022, des recherches ont montré des modifications hormonales chez les hommes exposés au RED-S. Par exemple, ils ont observé une baisse de la testostérone et des déséquilibres hormonaux, comme une réduction de l’hormone lutéinisante et de la prolactine. Cette évolution, de la Triade au RED-S, a permis d’élargir notre compréhension des conséquences du déficit énergétique chez tous les athlètes.
Elle ne change rien au fait que les sportives sont plus touchées, plus à risque, et démontrent des conséquences plus large. Cependant elle souligne l’importance d’envisager ce syndrome chez tout le monde.
Qu’est-ce que le RED-S ?
Le RED-S est un syndrome complexe. C’est un déséquilibre qui engendre de nombreuses conséquences délétères à la santé des athlètes. Le RED-S se manifeste par des symptômes variés, résultant principalement d’un apport énergétique insuffisant qui affecte plusieurs systèmes physiologiques. Mountjoy et al., 2018 expliquent que le RED-S dépasse les effets typiques d’un déséquilibre énergétique sur les menstruations et la santé osseuse. Ce syndrome inclut également des perturbations au niveau métabolique, immunitaire, gastro-intestinal et même psychologique. En 2023, le consensus de Mountjoy et ses collègues a été actualisé pour affiner le diagnostic du RED-S. Ils identifient désormais des marqueurs spécifiques de déficits énergétiques et définissent des méthodes d’évaluation plus précises.
RED-S et surentraînement : similitudes et différences
Bien que le RED-S et le syndrome de surentraînement présentent certains symptômes communs, ils restent des troubles distincts. Dans leur revue de littérature, Stellingwerff et al., 2021 expliquent que ces syndromes partagent des signes comme la fatigue, les déséquilibres hormonaux et la baisse de performance. Cependant, leurs origines diffèrent. Le RED-S provient d’un déficit énergétique chronique, souvent causé par un manque d’apports nutritionnels adaptés, en particulier en glucides. Le surentraînement, lui, résulte d’une surcharge d’entraînement sans lien direct avec la nutrition. Cette distinction est essentielle pour bien orienter la prise en charge, car chaque syndrome nécessite une approche spécifique.
Qui est touché par le RED-S ?
Les athlètes féminines
Le RED-S touche particulièrement les athlètes féminines, chez qui ses conséquences peuvent être plus graves et visibles. En raison de leur physiologie, les femmes sont souvent plus vulnérables aux effets de la faible disponibilité énergétique. Elles peuvent rapidement présenter des symptômes comme des troubles menstruels et une diminution de la densité osseuse. Ces impacts, bien documentés, concernent surtout les sports d’endurance, peut être à cause de la forte dépense énergétique que l’on retrouve dans ces sports..
Gallant et al., 2024 ont constaté que les femmes athlètes présentent un risque de RED-S significatif. En regroupant les résultats de 14 études, 48,9 % des 1 682 athlètes analysés présentaient une faible disponibilité énergétique. Une analyse centrée sur les coureurs de demi-fond et de fond (12 études) montre que 43,4 % de cette catégorie étaient concernés. D’autres études qui distinguaient les résultats selon le sexe estimaient un pourcentage équivalent d’hommes et de femmes concernés.
Parmi les 8 études ayant spécifiquement évalué la présence du syndrome RED-S, 61 % des athlètes observés montraient assez de symptômes pour être diagnostiqués avec le RED-S.
Selon leurs analyses, les femmes sont souvent plus nombreuses à présenter des symptômes sévères, notamment des altérations hormonales et des fractures de stress. Cette prévalence féminine s’explique en partie par une physiologie plus sensible aux déséquilibres énergétiques, ce qui renforce l’importance d’une surveillance accrue dans cette population.
Certains athlètes masculins
Bien que le RED-S soit souvent associé aux femmes, les athlètes masculins peuvent également être touchés. Au fil des recherches, les effets du RED-S sur les hommes ont été identifié. Tortsveit et al., 2019 ont montré, dans une étude sur des cyclistes masculins, que le RED-S se manifeste aussi par des symptômes hormonaux et métaboliques chez les hommes. Par exemple, ils ont observé des niveaux accrus de cortisol et une baisse de la testostérone, accompagnés de signes de fatigue et de sous-alimentation.
De Suza et al., 2022 rappellent que chez les athlètes masculins, des déséquilibres hormonaux et une faible densité osseuse peuvent aussi être des signes d’un déficit énergétique. Bien que ces symptômes puissent être moins visibles que les troubles menstruels chez les femmes, ils impactent également la santé et les performances masculines. La reconnaissance croissante du RED-S chez les hommes est essentielle pour assurer une prise en charge appropriée et prévenir les effets à long terme de la faible disponibilité énergétique.
Les causes du RED-S
Une question qu’il faut se poser concerne l’origine des RED-S. Il y en a principalement 2. Une qui relève plutôt de la sphère pathologique, que je vais vous présenter en premier, et un qui concerne n’importe quel athlète.
Accent sur les troubles du comportement alimentaire
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont un facteur de risque dans le développement du RED-S. Ces troubles ne sont pas systématiquement présents chez les athlètes affectés par le RED-S. Cependant, ils augmentent considérablement les risques de déficits énergétiques chroniques. Selon Mountjoy et al., 2018 et 2023, des athlètes souffrant de TCA, comme la restriction alimentaire volontaire ou l’obsession du poids, sont souvent exposés à une faible disponibilité énergétique. Cela peut créer un déséquilibre énergétique prolongé, même si la pratique sportive est modérée. Les TCA favorisent ainsi l’installation du RED-S en compromettant la capacité de l’athlète à maintenir un apport énergétique adéquat. Pour quantifier vos besoins et mieux cerner ce que devrait être vos apports, je vous renvoie à cet article du site.
Le déficit énergétique et le manque d’apports en glucides
La cause la plus répandue du syndrome RED-S est le déficit énergétique, aussi appelé faible disponibilité énergétique. Le déficit énergétique et, en particulier, le manque d’apports en glucides constituent la cause centrale du RED-S. La littérature scientifique s’accorde sur l’importance de cet élément dans le développement du syndrome. Par exemple, la revue de Stellingwerff et al., 2021 insiste largement sur le rôle crucial des glucides pour la santé et la performance des athlètes d’endurance. Les pratiques comme les entraînements à jeun ou les apports insuffisants de glucides pendant les entraînements longs sont donc, d’après ces auteurs, des comportements à risque. Mais, un déficit énergétique peut exister sans ces pratiques, simplement quand les apports quotidien et à l’effort ne sont pas suffisants par rapport aux dépenses.
La temporalité des déficits énergétiques
Heikura et al., 2022 soulignent également que la temporalité des déficits énergétiques joue un rôle important. Les recherches actuelles manquent d’informations précises sur les effets des différentes temporalités possibles de ces déficits énergétiques. Toutefois, ces auteurs proposent une distinction entre 3 temporalités :
- Déficits aigus et sévères. Ils sont typiques d’efforts sans apport énergétique, comme les footings à jeun ou les protocoles “sleep-low”.
- Déficits occasionnels et modérés. Ils sont observés par exemple lors de sorties longues avec un apport énergétique, mais insuffisant pour compenser la dépense.
- Déficits prolongés et faibles. Ces derniers s’installent sur plusieurs semaines. Ces déficits légers peuvent résulter d’une insuffisance calorique journalière faible, mais existante.
Ces différents types de déficits peuvent se cumuler et conduire à un déficit total marqué, une fois que tous les déficits isolés sont additionnés, et donc à des conséquences graves. Heikura et al. notent que les déficits chroniques ou prolongés sont probablement les plus délétères pour la santé des athlètes. Cependant, même des déficits légers et occasionnels, mais persistants, peuvent fragiliser le corps, affectant ainsi la santé et la performance.
Les conséquences du RED-S sur la santé
Le RED-S a des effets profonds sur la santé des athlètes. Ce syndrome affecte plusieurs systèmes physiologiques et entraîne des risques à long terme. En raison de la faible disponibilité énergétique, différentes fonctions physiologiques vitales peuvent être altérées, compromettant la santé globale des individus.
Mountjoy et al., 2018 détaillent les divers impacts du RED-S. Parmi les perturbations observées, on trouve donc souvent une réduction de la production d’hormones sexuelles. Chez les femmes, cela peut entraîner des troubles menstruels (comme l’aménorrhée). Chez les hommes, il est possible d’observer par exemple une baisse de la testostérone. Ces changements hormonaux affectent aussi le métabolisme osseux, augmentant les risques de diminution de densité osseuse et de fractures de stress.
En plus de ces effets hormonaux, bien connus, le RED-S peut altérer plusieurs autres systèmes :
- Immunitaire. Le manque d’énergie affaiblit le système immunitaire, ce qui expose les athlètes à un risque accru de maladies et infections.
- Cardiovasculaire. Une faible disponibilité énergétique peut affecter le fonctionnement cardiovasculaire, augmentant les risques d’arythmies et d’athérosclérose.
- Digestif. Le système digestif est également touché, avec des symptômes de ralentissement de la vidange gastrique et un temps de transit intestinal prolongé.
- Psychologique. Le RED-S impacte aussi la santé mentale, provoquant parfois des symptômes de dépression et de troubles de l’humeur.
Mais aussi d’autres système comme celui urinaire, hématologique, neurocognitif ou encore le sommeil. Le schéma ci-dessous résume toutes les atteintes possibles du RED-S.
Ces impacts montrent que le RED-S est un syndrome systémique qui nécessite une prise en charge rapide et complète. Chaque athlète exposé à une faible disponibilité énergétique chronique met en péril sa santé à long terme.
Les conséquences du RED-S sur la performance
Une réponse à l’entraînement et une récupération compromises
Le RED-S impacte également la performance des athlètes. Il affecte leur capacité à s’entraîner, à récupérer et à maintenir un haut niveau de performance. Mountjoy et al., 2018 montrent que la faible disponibilité énergétique réduit la réponse positive aux entraînements. Il ralentit aussi la récupération. Les athlètes atteints de RED-S se retrouvent confrontés à une fatigue chronique et à des difficultés accrues pour maintenir l’intensité de leurs séances. Ces effets nuisent à leur condition physique générale, limitent la progression et augmentent le risque de blessures.
Impacts spécifiques du RED-S sur l’endurance
D’autres études confirment les effets délétères du RED-S sur la performance. La méta-analyse de Gallant et al., 2024 souligne des diminutions significatives dans plusieurs domaines, comme :
- Endurance. Les athlètes manquent d’énergie pour maintenir un effort prolongé. Cela limite leur capacité à performer sur de longues distances par exemple.
- Coordination et concentration. Le déficit énergétique altère les capacités de concentration et de coordination.
- Cognition. Des niveaux d’énergie insuffisants influencent par exemple négativement la prise de décision.
Absences aux entraînements et cercle vicieux de la fatigue
De plus, les athlètes souffrant de RED-S sont plus souvent absents des entraînements en raison de fatigue élevée, de maladies récurrentes et de blessures. La qualité du sommeil se dégrade également, limitant aussi la récupération. Cette combinaison de symptômes crée un cercle vicieux, où la faible disponibilité énergétique freine les capacités d’entraînement, donc de performance, elles-mêmes déjà amoindries directement par le syndrome lui-même.
Certains athlètes peuvent montrer une tolérance temporaire aux effets du RED-S sans impact visible immédiat sur leurs performances. Cependant, Mountjoy et al., 2023 notent que cette « résistance » est souvent de courte durée et que les effets négatifs finissent par se manifester. En fin de compte, le RED-S compromet la capacité de l’athlète à performer de manière optimale, en affectant à la fois les capacités physiques et mentales essentielles.
Comment prévenir le manque de disponibilité énergétique en endurance, trail, running ?
Adapter les apports nutritionnels aux besoins énergétiques
La prévention du RED-S passe avant tout par une alimentation adaptée aux besoins énergétiques des athlètes. Dans les sports d’endurance comme le trail et la course à pied, où la dépense calorique est élevée, il est essentiel de maintenir un apport énergétique suffisant pour éviter les déficits. Cela inclut une attention particulière aux apports en glucides, qui jouent un rôle clé dans le maintien d’un équilibre énergétique, et sont le macronutriment le plus important à considérer dans ces pratiques. Ce point fait consensus, toutes les études citées dans ce billet le soulevant.
Dans leur revue de littérature, Stellingwerff et al., 2021 soulignent considérablement l’importance des glucides pour la santé et la performance des athlètes. Les entraînements à jeun et les faibles apports en glucides, bien que populaires, sont pour eux, en réalité, des pratiques risquées. Ces stratégies favorisent le déséquilibre énergétique qui, même s’il semble mineur, peut avoir des effets cumulés sur la santé. Pour réduire le risque de RED-S, ces auteurs recommandent d’assurer une consommation régulière et suffisante de glucides, au quotidien et à l’effort.
Surveiller et ajuster l’apport énergétique au quotidien
Une prévention efficace implique aussi une surveillance régulière de l’apport énergétique. Les athlètes, leurs coachs et leurs nutritionnistes doivent être conscients des besoins spécifiques en fonction de la période d’entraînement, du volume de travail et des objectifs individuels. Le suivi de l’alimentation, combiné à une prise en compte des signaux physiques (fatigue, baisse de performance, troubles du sommeil), permet d’ajuster l’alimentation de manière proactive.
La fréquence et la répartition des repas, ainsi que les collations avant et après l’entraînement, jouent aussi un rôle important dans le maintien d’une bonne disponibilité énergétique. Assurer un apport énergétique adéquat chaque jour et éviter les déficits accumulés sont essentiels pour prévenir ce syndrome.
Comment traiter le manque de disponibilité énergétique
Prioriser la réévaluation nutritionnelle
Le traitement du RED-S repose d’abord sur une réévaluation complète de l’apport nutritionnel. Un bilan nutritionnel réalisé par un médecin nutritionniste ou diététicien du sport est essentiel pour l’équilibre énergétique. L’objectif est de s’assurer que l’athlète consomme suffisamment de calories, avec une attention particulière portée aux glucides.
Sans surprise Mountjoy et al., en 2018 et en 2023 recommandent d’augmenter les apports en glucide. Ils proposent aussi d’assurer une fréquence de repas adéquate pour éviter de trop longs intervalles sans apports. Un programme de rééducation nutritionnelle progressif permet à l’athlète de retrouver un apport énergétique adéquat sans créer non plus de surcharge digestive.
Ajuster la charge d’entraînement
En parallèle de l’adaptation alimentaire, il est peut être nécessaire de réduire temporairement la charge d’entraînement. En diminuant l’intensité et/ou la durée des séances, l’athlète diminuera la dépense énergétique, donc l’ampleur du déficit. Cette période d’allègement est cruciale pour retrouver un équilibre energétique. Les coachs doivent donc travailler de concert avec les médecins et diététiciens pour ajuster le programme d’entraînement en fonction de l’état de l’athlète.
Dans certains cas, un suivi psychologique peut également être nécessaire. Un accompagnement psychologique peut aussi aider. Il s’adressera par exemple aux athlètes avec comportements restrictifs autour de l’alimentation ou une relation compliquée avec la performance.
Suivi et réévaluation continue
Le traitement du RED-S n’est pas un processus ponctuel. Après les ajustements initiaux, un suivi régulier est recommandé. Il permettra de vérifier que les apports énergétiques restent en phase avec la charge d’entraînement de l’athlète. Des bilans périodiques avec un diététicien ou un médecin nutritionniste permettent de réajuster le plan alimentaire au besoin, et de s’assurer que l’athlète est sur la voie d’une récupération complète.
Cette approche de suivi sur le long terme est essentielle pour prévenir les rechutes et pour garantir que l’athlète reste en bonne santé tout en maintenant sa performance. Le RED-S est un syndrome qui peut avoir des répercussions profondes. Seule une gestion continue permet d’en minimiser les effets sur le long terme.
Retourner au sport après un RED-S
Le retour au sport après un épisode de RED-S est une étape délicate. Elle nécessite une approche progressive et bien encadrée. À ma connaissance, aucune étude n’a exploré spécifiquement cette phase spécifique. Cependant, il me semble essentiel de ne pas précipiter ce retour pour éviter une rechute dans le déficit énergétique.
Étapes pour un retour progressif
Le processus de reprise doit commencer par une réévaluation de l’état de santé de l’athlète, avec des bilans médicaux pour vérifier que les marqueurs hormonaux, osseux et métaboliques sont revenus à des niveaux optimaux. Certains experts recommandent un retour graduel à l’entraînement, en augmentant progressivement la charge de travail. Chaque phase de reprise doit être accompagnée d’un suivi rigoureux des apports nutritionnels pour s’assurer que les besoins énergétiques sont couverts.
Importance d’un encadrement multidisciplinaire
Un retour au sport réussi nécessite la coordination entre différents professionnels : médecin, diététicien et coach sportif. L’athlète doit être accompagné pour ajuster son programme d’entraînement et son alimentation en fonction de son état de santé. Un suivi psychologique peut également être bénéfique, surtout si l’athlète a développé des comportements particuliers par rapport à la nourriture, ou une anxiété liée à la performance pendant son épisode de RED-S.
Le retour au sport après un RED-S est une période critique pour l’athlète, qui doit être gérée avec soin pour éviter des complications et assurer une reprise durable de l’entraînement et de la compétition.
Tous les troubles de la santé du sportif ne sont pas un RED-S
Il est important de rappeler que le RED-S n’est pas le seul trouble pouvant affecter la santé des athlètes. De nombreux autres facteurs peuvent impacter leur santé et leurs performances, au-delà du simple déséquilibre énergétique. En 2024, Jeukendrup et al. insistent sur l’importance d’adopter une vision holistique de la santé des athlètes.
Une approche multidimensionnelle pour la santé des athlètes
Avec une approche multidimensionnelle qui va au-delà du RED-S, ces auteurs veulent englober l’ensemble des causes possibles à une santé dégradée chez un sportif. Ils identifient un total de huit domaines pouvant affecter la santé des athlètes
- L’entraînement.
- La vie personnelle et sociale.
- La santé mentale.
- Les troubles psychologiques diagnostiqués.
- La nutrition.
- Le sommeil.
- Les maladies diagnostiquées.
- et les autres troubles non identifiés.
Ces facteurs peuvent se combiner et créer des déséquilibres similaires aux symptômes du RED-S, sans pour autant relever d’un déficit énergétique. Au final, cette équipe souligne que le déficit énergétique peut provenir de 2 de ces 8 familles de déclencheurs. Ignorer les 6 autres serait prendre le risque de passer à côté d’une sphère déséquilibrée dans la vie du sportif, donc de rater son accompagnement vers l’équilibre.
Un message clé : soigner la santé globale de l’athlète
Pour analyser toutes ces familles de déclencheurs, ces chercheurs proposent l’Inventaire de l’État de Santé et de Forme de l’Athlète. Cet outil permet de se poser des questions pertinentes sur les risques d’un déséquilibre chez l’athlètes. Si un risque est identifié, leur article propose vers quel professionnel se tourner, des outils de mesures pour quantifier l’ampleur du problème, et des solutions pour accompagner l’athlète.
Cette perspective rappelle que, pour optimiser la santé et la performance des athlètes, il est essentiel d’évaluer et de prendre en charge chaque aspect de leur vie. Que ce soit par la nutrition, l’accompagnement psychologique, ou une gestion de la charge d’entraînement, une approche globale est indispensable. En fin de compte, la santé globale de l’athlète doit toujours primer, permettant ainsi de prévenir non seulement le RED-S, mais aussi d’autres troubles similaires.
Conclusion – Le RED-S dans le trail et le running
Le syndrome RED-S est un trouble de plus en plus reconnu dans le monde du sport, tant pour ses effets délétères sur la santé que pour son impact négatif sur la performance. Dérivé de la Triade de l’Athlète Féminine, le RED-S englobe désormais un spectre plus large de symptômes. Il peut toucher des athlètes de toutes disciplines mais surtout de tous les sexes. À travers les recherches récentes, il est établi que la faible disponibilité énergétique, autrement dit un déficit énergétique chronique, joue un rôle central dans l’apparition de ce trouble. Ce dernier à des conséquences nombreuses et complexes touchant le système hormonal, digestif, cardiovasculaire, cognitifs, osseux, et bien d’autres.
La mise en lumière du syndrome RED-S remet sur le devant de la scène l’importance de surveiller l’équilibre énergétique chez les athlètes pour préserver leur bien-être. Ils rappellent que les sportifs et les sportives d’endurance ont des besoins énergétiques importants, que leur alimentation doit absolument couvrir au risque de conséquences graves. Tous les déficits énergétiques, aigus (p. ex. footings à jeun) ou chroniques (p. ex. trop faibles apports journaliers en glucides) doivent être évités. Je vous en avais d’ailleurs déjà parlé dans cet article du site. Le traitement du RED-S nécessite une approche multidisciplinaire, combinant une nutrition adaptée, un suivi médical et, si nécessaire, un accompagnement psychologique.
Enfin, le RED-S n’est qu’une des facettes des défis que rencontrent les athlètes vis-à-vis de leur santé. Une approche holistique et individualisée de leur santé permet de reconnaître l’ensemble des facteurs qui l’impact. L’accompagnement des athlètes vers une pratique durable et respectueuse de leur corps doit être une priorité, pour les athlètes eux-mêmes mais aussi pour tous leur entourage sportif, non seulement pour éviter le RED-S, mais pour optimiser leur santé globale et leur longévité sportive.
Et si on arrêtait d’en faire trop avec pas assez ?
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Partie 1 – Mes explications
Partie 2 – Mon interview d’une experte, Manon Dauvergne
Références bibliographiques
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