Vous vous demandez ce qu’est le syndrome de surentraînement en trail et running ? Cet article est pour vous
Qu’est-ce que le syndrome de surentraînement ?
Dans le dernier article que je vous proposais sur le site, je vous parlais du syndrome RED-S. Un des points discutés étaient sa confusion pendant longtemps avec le syndrome de surentraînement. Bien que partageant des symptômes communs, ces deux syndrome ont en réalité des origines, et des traitements, différents. Ici, je vous propose donc de nous intéresser en détail au syndrome de surentraînement.
Définition du syndrome de surentraînement
Le syndrome de surentraînement est une condition résultant d’un déséquilibre prolongé entre les charges d’entraînement et la récupération. Il se manifeste par une baisse significative et durable des performances sportives. Cette baisse est souvent accompagnée de symptômes psychologiques et physiologiques tels que la fatigue chronique, des troubles hormonaux et des altérations de l’humeur. Je détaillerais ces derniers par la suite.
Meeusen et al. (2013) définissent le syndrome de surentraînement comme une accumulation prolongée de stress liés à l’entraînement et/ou non-lié à l’entraînement. Cette accumulation excessive nécessitera des mois, voire des années, pour récupérer pleinement. Contrairement à une simple fatigue ou à une surcharge passagère, le syndrome de surentraînement représente une inadaptation prolongée des systèmes physiologiques et psychologues à différents stimuli.
Mais toutes les fatigues et baisse de performance ne sont pas problématiques. Pour mieux comprendre cela, il est essentiel de différencier ce qu’on appelle la surcharge fonctionnelle, la surcharge non-fonctionnnelle, et le syndrome du surentraînement.
Surcharge fonctionnelle, surcharge non-fonctionnelle, surcompensation et syndrome de surentraînement
La distinction entre ces notions est essentielle pour comprendre le syndrome de surentraînement et éviter les amalgames. Kreher et Schwartz (2012) ainsi que Meeusen et al. (2013) clarifient ces derniers (ils ne doivent pas être les seuls, mais leur propos me semblent accessibles).
- Surcharge fonctionnelle. Une surcharge intentionnelle et bien dosée qui conduit à une fatigue temporaire et à une diminution, elle aussi temporaire, des performances. Suivie d’une récupération adéquate, la surcharge fonctionnelle aboutit à une surcompensation. C’est-à-dire que les capacités physiques surpassent leur niveau initial, elles rebondissent plus haut qu’avant la surcharge. Ce mécanisme est au cœur des adaptations positives à l’entraînement en endurance ou autre.
- Surcharge non-fonctionnelle. Lorsque les charges d’entraînement dépassent les capacités de récupération, une fatigue prolongée s’installe. Elle peut être accompagnée de symptômes comme une irritabilité accrue, des troubles du sommeil et une baisse de la motivation. Contrairement à la surcharge fonctionnelle, cette situation n’offre aucun bénéfice et nécessite plusieurs jours voire semaines pour une récupération complète sans rebond, avec simplement un retour au niveau avant surcharge, au mieux.
- Syndrome de surentraînement. Ce terme désigne un état chronique résultant de surcharges non-fonctionnelles prolongées, répétées. Les athlètes concernés présentent des symptômes sévères tels qu’une fatigue persistante, des troubles neuroendocriniens et immunitaires, ainsi qu’une diminution marquée et druable de la performance. La récupération peut être extrêmement longue, et certains ne retrouvent jamais leur niveau de performance antérieur. Je reviens sur ce point juste après.
Les causes du syndrome de surentraînement
Les causes du syndrome de surentraînement ne sont pas très variées et interconnectées. Parmi les facteurs clés identifiés dans la littérature on retour :
- Une surcharge excessive et une récupération insuffisante. Comme le souligne Meeusen et al. (2013), la cause principale du surentraînement est une charge d’entraînement trop élevé par rapport à la quantité et la qualité de la récupération de l’athlète.
- Un stress psychologique accru. Kreher et Schwartz (2012) insistent sur l’impact du stress social ou professionnel. Comme dans le RED-S, et comme le soulignent Jeukendrup et al. en 2024, des éléments comme de la pression des sponsor, des difficultés dans l’environnement familial, ou encore des situations pesantes au travail, augmentent les risques de développer un syndrome de surentraînement.
- Des facteurs externes aggravants. Une mauvaise alimentation, un sommeil insuffisant ou des infections fréquentes compromettent la capacité de récupération des athlètes. Par exemple, Patel et al. (2024) montrent que le manque de sommeil joue un rôle clé dans le développement du syndrome de surentraînement. Il compromettrait la récupération physiologique, par exemple en réduisant par exemple la sécrétion d’hormone de croissance, tout en augmentant l’inflammation systémiques. Sur le plan psychologique, il aggrave la fatigue mentale et les troubles de l’humeur, renforçant les symptômes associés au surentraînement. Leurs résultats soulignent l’importance de surveiller et d’optimiser le sommeil pour prévenir cette condition.
Prévalence du syndrome de surentraînement
Une condition fréquente chez les athlètes d’endurance
La prévalence du syndrome de surentraînement chez les athlètes d’endurance varie considérablement selon les études et les populations. Meeusen et al. (2013) estiment qu’entre 7 % et 21 % des athlètes d’endurance peuvent en être affectés au cours d’un cycle d’entraînement intensif. Cependant, ces chiffres incluent parfois des cas de surcharge non-fonctionnelle, ce qui complique l’évaluation exacte de la prévalence réelle du syndrome.
Sur une carrière entière, les chiffres augmentent. Chez les coureurs d’élite, des études montrent que 60 % des femmes et 64 % des hommes ont signalé au moins un épisode de syndrome de surentraînement. Les athlètes amateurs ne sont pas épargnés avec un taux de prévalence global de 33 % a été relevé dans certaines populations de coureurs adultes non-élites.
Il est donc important de noter que comme le RED-S, le syndrome de surentraînement peut toucher n’importe quel athlète de n’importe quel niveau. Il suffit que la charge d’entraînement soit supérieur aux capacités de récupération pendant trop longtemps.
Les risques accrus de rechute
Un aspect intéressant du syndrome de surentraînement est le risque élevé de récidive. Une étude menée auprès de nageurs universitaires américains a révélé que 91 % des nageurs ayant développé le syndrome lors de leur première saison ont connu un ou plusieurs épisodes supplémentaires au cours de leurs trois années d’entraînement suivantes. Comparativement, 34 % des nageurs sans épisode initial ont été diagnostiqués avec un syndrome de surentraînement ultérieurement.
Comment diagnostiquer le syndrome de surentraînement ?
Un syndrome difficile à diagnostiquer
Le diagnostic du syndrome de surentraînement représente un défi majeur pour les entraîneurs, les athlètes et les professionnels de santé. Toutes les études citées dans cet article le souligne. Cette difficulté découle de la complexité du syndrome et de ses symptômes souvent non spécifiques. Kreher et Schwartz (2012) écrivent que ce diagnostic doit avant tout reposer sur trois critères principaux :
- Une baisse persistante des performances, qui ne s’améliore pas malgré plusieurs semaines ou mois de diminution de la charge et de récupération.
- Des troubles de l’humeur, incluant fatigue, irritabilité et symptômes dépressifs.
- L’absence d’autres causes potentielles, comme des infections, des déficits nutritionnels ou des déséquilibres hormonaux. Nous en parlions dans l’article sur RED-S, il n’est pas possible de parler de surentraînement si un déficit énergétique existe. Et il n’est pas possible de parler de RED-S s’il n’y a pas de déficit énergétique.
Cependant, la variabilité des symptômes entre les individus complique le diagnostic. Comme l’explique Meeusen et al. (2013), le syndrome de surentraînement résulte d’une inadaptation chronique du corps à un stress prolongé, affectant les systèmes endocrinien, immunitaire, nerveux et psychologique. Malheureusement, ces perturbations peuvent imiter d’autres pathologies. Cela complique donc la procédure.
La méta-analyse de Weakley et al., 2022
La difficulté est encore accentuée par l’absence de biomarqueur unique ou de test standardisé. Weakley et al. (2022) ont mené une méta-analyse pour explorer les changements physiologiques et psychologiques associés au syndrome de surentraînement. Cependant, aucune des 42 études identifiées ne répondait aux critères nécessaires pour confirmer que les syndromes étudiés correspondaient réellement au surentraînement, avec une suppression chronique des performances (≥ 4 semaines). Cette absence de preuves solides illustre le manque de données spécifiques pour caractériser et diagnostiquer précisément le syndrome, limitant ainsi la compréhension et la gestion de cette condition.
Une perspective prometteuse : les scores EROS
Pour dépasser ces difficultés, Carrard et al. (2022) proposent de s’appuyer sur l’innovation majeure de Cadegiani et al. (2020). Ces auteurs ont conçu les scores EROS (Endocrine and Metabolic Responses on Overtraining Syndrome). Ces outils combinent différents marqueurs cliniques, biochimiques et physiologiques afin d’offrir une approche standardisée et reproductible.
Les trois outils EROS : diagnostic différencié et progressif
Les outils de diagnostiques EROS se déclinent en trois versions complémentaires, chacune adaptée à des contextes spécifiques :
- EROS-CLINICAL. Cet outil repose sur des marqueurs cliniques simples tels que les schémas alimentaires, le sommeil, la composition corporelle et des indices psychologiques comme le POMS (Profile of Mood States). Il est conçu comme un premier niveau d’évaluation, facilement utilisable par des entraîneurs ou des médecins généralistes sans équipements sophistiqués.
- EROS-SIMPLIFIED : Ce score inclut, en plus des marqueurs cliniques, des variables biochimiques telles que le taux de testostérone ou le ratio testostérone/œstradiol. Il s’adresse aux situations où le premier outil est insuffisant pour poser un diagnostic clair.
- EROS-COMPLETE : Cet outil intègre des données cliniques, biochimiques et des réponses hormonales à des tests de stimulation (comme le test de tolérance à l’insuline). Il est particulièrement adapté pour les études épidémiologiques ou les cas complexes impliquant des populations larges ou des formes atypiques du syndrome de surentraînement.
Une précision diagnostique inégalée
Dans l’étude de validation, ces scores ont démontré une précision diagnostique de 100 % pour distinguer les athlètes affectés par le syndrome de surentraînement de ceux en bonne santé. Contrairement à d’autres approches, les scores EROS n’exigent pas l’exclusion préalable de conditions confondantes, ce qui simplifie leur utilisation dans un environnement clinique ou sportif.
Innovations clés des scores EROS
Les outils EROS se distinguent par leur approche basée sur des combinaisons de paramètres, sélectionnées parmi 262 125 possibilités évaluées dans l’étude originale. Par exemple :
- Les marqueurs hormonaux incluent des réponses spécifiques au test de tolérance à l’insuline, comme le cortisol et l’ACTH 30 minutes après une hypoglycémie, révélateurs de dysfonctionnements au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire.
- Les marqueurs psychologiques, tels que la fatigue et la vigueur mesurées par le POMS, complètent le diagnostic en mettant en lumière des altérations de l’état émotionnel propres au syndrome.
En outre, Cadegiani et ses collègues ont proposé un outil additionnel, l’EROS-RISK, destiné à identifier les athlètes à risque élevé de surentraînement. Cet outil inclut des facteurs de risque tels qu’une faible qualité de sommeil et des apports caloriques insuffisants, permettant une intervention précoce avant l’apparition des symptômes. Il a pour but non pas de diagnostiquer un syndrome de surentraînement, mais d’évaluer les risques qu’un athlète a de développer ce dernier dans les mois à venir.
Méthodes complémentaires et indicateurs en développement
Bien que prometteurs, les scores EROS ne couvrent pas toutes les dimensions nécessaires pour un diagnostic complet. Les chercheurs explorent également d’autres approches :
- Questionnaires psychologiques : Des outils comme le POMS (Profile of Mood States) ou le RESTQ-Sport permettent de surveiller l’état mental des athlètes et d’identifier des signes précoces d’épuisement psychologique. Des études montrent que les athlètes atteints de syndrome de surentraînement obtiennent des scores significativement plus élevés en fatigue, colère et confusion, avec une diminution de la vigueur.
- Variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) : Bien que les résultats soient contradictoires, certains chercheurs suggèrent que les altérations de la VFC, liées à un déséquilibre du système nerveux autonome, pourraient constituer un indicateur complémentaire.
- Marqueurs biologiques : L’élévation des cytokines pro-inflammatoires (IL-1β, IL-6, TNF-α) et des marqueurs d’oxydation peut refléter des réponses inadaptées à l’entraînement intense, mais ces indicateurs manquent encore de spécificité pour différencier le syndrome de surentraînement d’autres conditions.
Conséquences du syndrome de surentraînement
Conséquences sur la performance
Le syndrome de surentraînement affecte directement la performance des athlètes. Une des premières manifestations est une baisse significative des performances sportives, souvent associée à une fatigue excessive et à une incapacité à maintenir les intensités d’entraînement habituelles. Les athlètes touchés par le syndrome ressentent fréquemment une fatigue chronique, entraînant une réduction de l’intensité et de la fréquence des séances d’entraînement.
Conséquences sur la santé physique et physiologique
Le syndrome de surentraînement entraîne des déséquilibres physiologiques notables, affectant plusieurs systèmes corporels. Ceux les plus souvent avancés dans la littérature sont :
- Systèmes hormonaux. Les perturbations incluent une diminution des hormones sexuelles comme la testostérone, une élévation des taux de cortisol et une diminution de l’hormone lutéinisante (LH). Ces déséquilibres hormonaux affectent la récupération musculaire et la capacité de performance.
- Systèmes immunitaires. Une immunité affaiblie se traduit par une fréquence accrue des infections, notamment des voies respiratoires supérieures (IVRS). Les athlètes rapportent des épisodes plus fréquents de maladies mineures, témoignant d’un système immunitaire fragilisé.
- Capacités cognitives. Des troubles de la concentration, une diminution de la mémoire à court terme et des difficultés de prise de décision sont souvent observés.
Conséquences sur la santé mentale
Le syndrome de surentraînement a également un impact significatif sur la santé mentale des athlètes. Selon Meeusen et al. (2013), 80 % des athlètes atteints montrent des signes de dépression clinique, souvent associés à une augmentation de la fatigue, de l’irritabilité et à une diminution de la vigueur. Les perturbations de l’humeur mesurées par des outils comme le POMS révèlent une augmentation marquée des scores de tension, de colère et de confusion. Cette combinaison peut exacerber les symptômes psychologiques, rendant la récupération mentale plus difficile.
Soigner le syndrome de surentraînement
Une approche centrée sur le repos
Le traitement du syndrome de surentraînement repose essentiellement sur le repos. Contrairement à d’autres troubles liés à l’entraînement, il n’existe pas de traitement médical spécifique. Le repos prolongé, accompagné d’une alimentation adaptée et d’un sommeil de qualité, constitue le pilier fondamental de la récupération. Comme le soulignent Kreher et Schwartz (2012), le repos doit être combiné à des ajustements de la charge d’entraînement, avec une réduction significative des intensités et des volumes pendant plusieurs semaines.
Outils de suivi pour une récupération réussie
Plusieurs outils peuvent être utilisés pour surveiller la progression de la récupération :
- Questionnaires psychologiques. Des outils tels que le POMS permettent de suivre l’évolution des variables psychologiques comme la fatigue, la tension ou la dépression. Ces indicateurs offrent une vue globale de l’état mental des athlètes en cours de rétablissement.
- Journal de suivi des performances. L’enregistrement régulier des sensations, des performances et des paramètres d’entraînement aide à détecter les améliorations progressives ou les rechutes.
- Variabilité de la fréquence cardiaque (VFC). Bien qu’aux résultats parfois hétérogènes, la VFC peut fournir des indices sur l’état du système nerveux autonome et la réponse du corps à la récupération. Différents travaux mentionnés dans ce billet l’ont suggéré.
La patience, clé de la guérison
Soigner le syndrome de surentraînement exige du temps, de la vigilance et une approche personnalisée. La clé réside dans une réduction drastique des sollicitations physiques, un accompagnement global et une prise en charge multidimensionnelle. Cette combinaison permet aux athlètes de retrouver progressivement leur état de forme, tout en limitant le risque de rechute.
Prévenir le syndrome de surentraînement
L’importance de suivre la charge d’entraînement
La prévention du syndrome de surentraînement repose principalement sur une gestion rigoureuse de la charge d’entraînement. Avec une écoute attentive des signaux précoces de fatigue et de performance peuvent facilement être détectés. Kreher (2016) insiste sur le rôle clé des outils modernes permettant aux athlètes et aux entraîneurs de surveiller, ajuster et planifier les charges de travail.
Par exemple, pour suivre la charge d’entraînement d’une personne, deux méthodes simple d’implémentation existent. Il s’agit de la méthode Foster et TRIMP.
La méthode Foster : simplicité et accessibilité
La méthode de Foster est une approche facile à mettre en œuvre et adaptée à tous les d’athlètes. Elle consiste à multiplier la durée de chaque séance (en minutes) par l’intensité perçue, évaluée sur une échelle de 1 à 10. Par exemple, une séance de 60 minutes jugée très intense (8/10) correspond à une charge de 480. Pour estimer la charge hebdomadaire, il suffit d’additionner les charges de toutes les séances d’une semaine.
Cette méthode présente deux avantages :
- Elle ne nécessite aucun matériel particulier.
- Elle s’appuie sur les ressentis de l’athlète, favorisant une meilleure prise de conscience de la charge, et une utilisation à travers différentes disciplines.
La méthode TRIMP : basée sur la fréquence cardiaque
Une méthode différente, et un peu plus complexe, est la méthode de TRIMP (Training Impulse). Cette dernière est basée sur les données de fréquence cardiaque. Sa formule principale est la suivante :
Où :
- T (min) : durée de l’activité en minutes,
- k : facteur de pondération différencié par genre,
- : intensité de l’exercice, calculée comme suit :
Avec :
- FCex = fréquence cardiaque moyenne pendant l’exercice.
- = fréquence cardiaque au repos.
- = fréquence cardiaque maximale.
Le coefficient k, utilisé pour pondérer l’effort en fonction de l’intensité perçue, est défini comme suit :
- Pour les femmes
- Pour les hommes
Ces formules permettent de calculer le TRIMP en intégrant des différences physiologiques entre les sexes. Vu la complexité de l’équation, je vous recommande l’utilisation de logiciels spécialisés (par exemple, intervals.icu, Training Peaks, ou Nolio) pour automatiser les calculs et simplifier son application.
L’adaptabilité comme clé de la prévention
L’un des éléments fondamentaux pour prévenir le syndrome de surentraînement est l’individualisation des charges d’entraînement. Chaque athlète, en particulier les traileurs soumis à des conditions extrêmes comme l’altitude ou la chaleur, doit adapter ses efforts en fonction de ses capacités, de ses objectifs et de son état de récupération.
En conclusion, ces outils simples mais efficaces offrent des solutions concrètes pour surveiller et ajuster les charges d’entraînement, réduisant ainsi les risques de surentraînement. Une prévention bien menée, associée à une écoute attentive des signaux corporels, constitue la meilleure défense contre cette condition.
Le syndrome de surentraînement dans le trail
Le trail running et l’ultra-trail, pourrait exposer les pratiquants à un risque accru de syndrome de surentraînement. Bien qu’aucune étude n’ait spécifiquement étudié ce syndrome dans cette discipline, certains aspects de la pratique, combinés à une culture du “toujours plus”, soulèvent des préoccupations.
Une pratique exigeante et difficile à quantifier
Le trail se distingue par ses longues distances, ses dénivelés importants, et ses conditions environnementales souvent extrêmes (altitude, chaleur, froid). Ces spécificités rendent la quantification de la charge d’entraînement plus complexe que dans d’autres disciplines. À cela s’ajoutent des pratiques comme les week-ends chocs, où les athlètes enchaînent plusieurs séances sur plusieurs jours. Si ces méthodes sont quasi incontournables dans l’ultra-trail, et bénéfiques pour l’entraînement (plus d’information dans cet article du site) elles génèrent des charges importantes qui, mal gérées, pourraient favoriser un déséquilibre entre effort et récupération.
Une mode du toujours plus
Le trail est aussi, à mon sens, marqué actuellement par une mode du “toujours plus”. La performance est souvent mesurée en kilomètres, dénivelé et intensités hebdomadaires avec une course aux plus gros chiffres par certains. Cela pourrait contre-productif et risquer au regard de ce qui a été présenté précédemment. Accumuler des charges excessives sans respecter de périodes de récupération suffisantes pourrait conduire à des états de fatigue prolongée, voire de surentraînement, réduisant ainsi les performances à long terme.
Surveiller et ajuster, une nécessité
Dans ce contexte, la surveillance de la charge d’entraînement me paraît d’autant plus cruciale. Bien que nous manquions de recul scientifique pour affirmer des liens directs, il semble essentiel d’adopter une approche préventive. Utiliser des outils adaptés pour suivre les charges, comme les méthodes Foster ou TRIMP, et intégrer des périodes de repos régulières, pourrait réduire les risques. Cette vigilance est particulièrement importante lors de cycles d’entraînement intensifs ou de week-ends chocs, où les volumes atteignent, eux aussi, des sommets.
Conclusion – Le Syndrome de Surentraînement en Trail
Le syndrome de surentraînement est une condition caractérisée par une baisse durable des performances accompagnée de perturbations physiques et psychologiques. Il illustre les dangers d’un déséquilibre prolongé entre charges d’entraînement et récupération. Bien que sa prévalence varie selon les études, il peut affecter entre 7 % et 21 % des athlètes d’endurance, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Ces chiffres rappellent que personne n’est à l’abri, quelle que soit son expérience ou son niveau.
Ce syndrome rappelle l’importance cruciale de maintenir un équilibre entre les charges d’entraînement et la récupération, tout en tenant compte des spécificités de chaque discipline, comme le trail ou l’ultra-trail. Les causes et conséquences présentées dans cet article montrent que, malgré l’absence de solutions universelles, des outils modernes comme les scores EROS ou les méthodes de suivi de charge (Foster, TRIMP) peuvent jouer un rôle clé dans la prévention.
Pour les athlètes, et particulièrement les traileurs, il me semble intéressant de s’éloigner de la mode du “toujours plus”, qui valorise les kilomètres accumulés ou les records de dénivelé. Cette quête, si elle n’est pas accompagnée d’une attention aux signaux du corps, peut devenir contre-productive, voire dangereuse (p. ex. syndrome de surentraînement, RED-S). Adopter une approche raisonnée, basée sur une planification réfléchie et des périodes de repos, est le meilleur moyen d’optimiser les performances tout en préservant sa santé sur le long terme.
En fin de compte, progresser durablement, c’est avant tout savoir écouter son corps, ajuster ses efforts et intégrer le repos comme une part essentielle de l’entraînement. Le chemin est exigeant, mais il mène non seulement à de meilleures performances, mais aussi à une pratique plus saine et épanouissante.
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Partie 1 – Mes explications
Partie 2 – Mon interview d’un expert, Anaël Aubry
Références bibliographiques
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• Jeukendrup, A. E., Areta, J. L., Van Genechten, L., Langan-Evans, C., Pedlar, C. R., Rodas, G., … & Walsh, N. P. (2024). Does Relative Energy Deficiency in Sport (REDs) Syndrome Exist?. Sports Medicine, 1-24. (Lien).
• Kreher, J. B. (2016). Diagnosis and prevention of overtraining syndrome: an opinion on education strategies. Open access journal of sports medicine, 115-122. (Lien).
• Meeusen, R., Duclos, M., Foster, C., Fry, A., Gleeson, M., Nieman, D., … & Urhausen, A. (2013). Prevention, diagnosis and treatment of the overtraining syndrome: Joint consensus statement of the European College of Sport Science (ECSS) and the American College of Sports Medicine (ACSM). European Journal of Sport Science, 13(1), 1-24. (Lien).
• Patel, H., Vanguri, P., Kumar, D., & Levin, D. (2024). The Impact of Inadequate Sleep on Overtraining Syndrome in 18-22-Year-Old Male and Female College Athletes: A Literature Review. Cureus, 16(3). (Lien).
• Weakley, J., Halson, S. L., & Mujika, I. (2022). Overtraining syndrome symptoms and diagnosis in athletes: where is the research? A systematic review. International journal of sports physiology and performance, 17(5), 675-681. (Lien).