Vous vous demandez comment préparer un week-end choc en trail ? Cet article est pour vous 😉
Les week-ends chocs en trail
L’entraînement pour un trail long ou un ultra-trail est un domaine vaste et complexe. Pour réussir, de nombreux facteurs sont à prendre en compte simultanément (p. ex. sommeil, alimentation, allure). Je vous en parle dans cet article par exemple. Une approche de plus en plus populaire, chez les élites mais surtout dans le peloton, est celle incluant plusieurs week-ends chocs à une certaine distance de l’événement.
Il me semble que ce concept a été popularisé par Guillaume Millet il y a plusieurs années. Aujourd’hui, les week-ends chocs sont presque un incontournable de la préparation d’un trail long ou d’un ultra-trail. À l’inverse ils me semblent beaucoup moins utilisés dans le cadre de la préparation d’un court. En résumé, les week-ends chocs consistent à accumuler sur 2 ou 3 jours consécutifs un grand volume d’entraînement à basse intensité, dans des conditions proches d’une compétition ciblée. Un week-end choc a plutôt pour objectif de préparer à un événement spécifique comme une course ou un OFF.
À mes yeux, les week-ends chocs sont à la mode, et sont pertinents, je ne dirais pas l’inverse. Néanmoins j’ai le sentiment que l’on retrouve de plus en plus de recommandations farfelues concernant leur réalisation (p. ex. “sur un week-end choc il faut faire le maximum de distance possible”). Comme souvent, ces recommandations déraisonnées pourraient pousser les coureurs à de mauvaises pratiques, elles-mêmes menant au surmenage voire à la blessure.
Car un week-end choc est une méthode d’entraînement. Comme toute méthode d’entraînement, bien réalisée et avec une récupération adéquate, elle apportera de nombreux bénéfices. Mal réalisée, cette méthode engendrera une fatigue importante, des besoins en récupération anormalement longue, voire des conséquences négatives.
Que dit la science sur les week-ends chocs ?
À vrai dire pas grand chose. À ma connaissance, il n’existe aucune étude scientifique publiée qui démontre les effets bénéfiques de ces week-ends chocs, ou les meilleures modalités pour préparer ces derniers. Cependant, il me semble possible de cerner les contours d’un week-end choc optimale, en croisant les connaissances de terrain dont on dispose, et dont je dispose (plus d’informations sur le coaching avec moi ici) ; avec la littérature sur différentes aspects de l’entraînement qui seront travaillés dans ces derniers. Car ils sont la bonne occasion, par exemple, de faire du gut training (dont je vous parlais ici) ; de se préparer aux descentes (voir cet article) ou encore de travailler votre endurance à basse intensité.
Dans cet article, je vous propose de mettre de côté les effets bénéfiques spécifiques des week-end chocs. Je reviendrais sur ce derniers avec Guillaume Millet, auteur de l’ouvrage “Ultra-Trail : Plaisir, performance et santé” (disponible ici, bible pour l’entraînement en trail avec de nombreuses études à l’appuie), qui expliquera clairement leurs bienfaits. La vidéo de mon interview de Guillaume est disponible tout en bas de cet article. Dans la suite de cet article, je vous propose quand même un rapide résumé des bénéfices des week-ends chocs, mais surtout des recommandations pratiques sur comment préparer un week-end choc en trail.

À quoi sert un week-end choc ?
À mon sens, les week-ends chocs sont intéressants car ils aident à dissocier le travail hebdomadaire qui doit, pour moi, être plutôt qualitatif, du travail très “quantitatif”. En effet, une approche de l’entraînement en trail long et en ultra-trail qui tend à disparaître est celle qui repose sur de gros volume d’entraînement (c.-à-d. beaucoup de quantitatif). Cette approche est grandement liée à la croyance de l’existence d’une corrélation entre la distance à parcourir à l’entraînement et celle de la compétition. Par exemple “je prépare un 100km donc il me faut 100km par semaine” ; “je prépare l’UTMB donc il me faut beaucoup de kilomètres par semaine”.
D’une part cette croyance est erronée, et heureusement sinon les coureurs de trail court ne s’entraîneraient pas beaucoup. La littérature montre de plus en plus qu’il est possible de préparer des trail long et des ultra-trail avec moins de volume, mais en travaillant intelligemment les bonnes qualités (p. ex. musculation, dont je vous ai déjà parlé ici ; descente, marche spécifique, etc). De plus, si cette approche est tenable pour des courses jusqu’à 70 – 80km, elle devient plus compliquée à tenir raisonnablement pour les formats plus longs, à moins que vous soyez athlète professionnel ou semi-professionnel.
Car en suivant cette idée (saugrenue), il faudrait que vous couriez en moyenne 30km par jour avec 2000m D+ par jour, 6 jours sur 7, si vous préparez l’UTMB. Ce volume est difficile à conjuguer avec une vie “normale”, et laisse peu de place au travail qualitatif (p. ex., travaille de vitesse, de force max, d’endurance de force, de base aérobie), alors que ce dernier reste cruciale pour progresser en trail long et en ultra. Je vous avais déjà expliqué cela dans les articles sur comment progresser en trail et en ultra-trail, ici.
Utilité des week-ends chocs
À mon sens, les atouts majeurs d’un entraînement en trail incluant des week-ends chocs sont :
- de pouvoir maintenir sereinement le volume d’entraînement hebdomadaire à un niveau raisonnable et atteignable avec une vie “normale” à côté du trail.
- d’inclure dans ces semaines d’entraînements normales du travail qualitatif (et du quantitatif également, mais avec plus de modération).
- de concentrer le gros du travail quantitatif sur des moments clés, positionnés intelligemment dans le calendrier, avec des conditions les plus proches possibles de la course ciblée pour répondre au besoin de spécificité de l’entraînement.
Les mots de l’expert
Je trouve la métaphore utilisée par Guillaume Millet dans son livre très pertinente, aussi je vous la partage : “Schématiquement, vous stockez vos heures d’entraînements sur un compte “épargne temps”, que vous dépensez sur un ou plusieurs week-end (s) spécifique(s)”.
D’après lui, les week-ends chocs permettent de :
- s’entraîner de manière spécifique.
- renforcer les fibres musculaires.
- améliorer le rendement à faible vitesse (c.-à-d. le coût du déplacement, en marche et en course).
- apprendre à marcher avec les bâtons.
- tester son matériel et son alimentation.
- entraîner son intestin.
Ceci n’est qu’un résumé rapide. Pour plus de détails, je vous renvoie à son interview en bas pour plus d’information. Maintenant que nous savons à quoi servent ces derniers, voyons comment les préparer.
Quel volume sur un week-end choc ?
Quelle distance et quel dénivelé pour un week-end choc ?
La programmation de la distance et du dénivelé sur un week-end choc est la partie la plus simple. Selon moi, le total de la distance parcourue et du dénivelé réalisé sur ces 2 ou 3 jours doivent équivaloir à la distance et au dénivelé de la course préparée. À mon sens vous pouvez même augmenter ces totaux de 10 à 15% maximum par rapport à votre compétition, grâce au repos entre les journées.
Ainsi, si par exemple vous préparez un trail de 80km et 4600m de dénivelé, vous pouvez :
- réaliser un premier week-end choc de 2 jours, avec
- une sortie de 50km et 2800m de D+ le samedi.
- une sortie de 30km et 1800m de D+ le dimanche (pour un total de 85km et 4600m D+).
- Ensuite, vous pouvez faire un deuxième week-end choc plus tard dans votre préparation, après récupération du premier avec
- une sortie de 50km et 3500m D+ le samedi.
- une autre de 40km et 2200m D+ le dimanche (pour un total de 90km et 5700m D+).
L’importance du ratio dénivelé / distance.
Les week-ends chocs sont des moments privilégiés pour s’entraîner dans des conditions spécifiques. Or, un des éléments qui fait la spécificité d’une course est son ratio dénivelé / distance. Ce ratio qui caractérise une course, donne une idée de la quantité de dénivelé par kilomètres. On remarque facilement que les meilleurs athlètes du monde ne brillent pas de la même façon sur des événement en partie à cause de ce dernier.
Par exemple, Jim Walmsley sur les compétitions où ce ratio est bas, comme la Western States Endurance Run (161 km et 5500m, ratio de 35). Cependant, en tout cas jusqu’à 2023, il semblait plus en difficulté pour maintenir son niveau de performance lorsque ce ratio augmente (p. ex. UTMB, 171km et 10000m, ratio de 58).
Aussi, ma recommandation est de choisir, durant les week-ends chocs, des parcours avec un rator dénivelé / distance le plus proche possible de celui de leur compétition. À moins d’être sur le parcours de la course, il sera difficile de reproduire exactement le tracé, mais ce ratio devrait vous aider à vous rapprocher des conditions du jour J.
Par exemple, pour une compétition de 80km et 4600m de D+, le ratio dénivelé / distance est égal à 4600 / 80 = 57,5. La première sortie du 1er week-end choc proposé juste avant a un ratio dénivelé / distance de 2800 / 50 = 56. La deuxième sortie a un ratio de 1800 / 30 = 60. Ces deux ratios sont proches de celui de la compétition ciblée, donc les sorties semblent appropriées. À l’inverse, toujours dans l’exemple ci-dessus, la première sortie du 2e week-end choc a un ratio dénivelé / distance de 3500 / 50 = 70. Ce ratio est plus grand que celui de la compétition, aussi je conseillerais de changer de parcours pour une sortie de même distance, mais avec moins de dénivelé.
Quel terrain pour un week-end choc ?
Là aussi, comme l’objectif est de s’entraîner spécifiquement à ce que vous allez rencontrer comme difficulté et particularité sur votre objectif, il est préférable de choisir un terrain qui ressemble le plus possible à celui de votre événement. Par exemple, si vous préparez l’UTMB et son parcours plutôt roulant, il ne semble pas pertinent d’aller faire votre week-end choc sur le parcours de l’Échappée Belle en Belledonne, ou celui de l’Ultra-Trail du Beaufortain, et leurs sentiers escarpés et accidentés.
Si vous souhaitez aller encore plus loin sur l’analyse du terrain, vous pouvez essayer de repérer avec le parcours de votre course comment est réparti le dénivelé (p. ex. beaucoup de plats, et dénivelé très condensé sur quelques bosses, ou beaucoup de montées progressives sans trop de portions plates ?). Une fois cela analysé, trouvez des sorties où le terrain ressemblera le plus possible à ce que vous allez parcourir.
Personnellement, je trace mes parcours de week-end choc avec Suunto App (ma montre disponible ici, -10% avec le code CYRILxSUUNTO) et sa heat map qui donnent une bonne lecture des terrains avec les vues satellites, les chemins les plus empruntés etc.

Quelle intensité sur un week-end choc ?
Dans son livre, Guillaume écrit “Avez-vous déjà essayé le LSD ? Je parle bien sûr des entraînements de type “Long Slow Distance” (”entraînement lent de longue de distance”)”. Aussi la réponse à l’intensité à cibler pendant un week-end choc est simple : rythme lent. L’objectif du week-end choc n’est pas de faire une version 0 de votre compétition, mais de vous entraîner sur terrain spécifique, dans des conditions réelles.
Aussi, je vous conseille de réaliser les sorties de votre week-end choc à faible allure. Trottinez à plat et en descente, et montez en marchant et en utilisant vos bâtons. Sur la fin du week-end, si vous sentez que vous avez encore du jus et les jambes en bon état, autorisez-vous quelques descentes plus rapides. Le reste du temps, soyez en aisance. Un premier indicateur d’aisance sera votre respiration (je vous en parlais dans cet article avec le Talk Test). Pendant votre week-end choc, vous devez être capable de tenir une discussion facilement avec quelqu’un qui vous accompagnerait.
Vous pouvez aussi porter un cardiofréquencemètre ceinture, et chercher à rester en dessous de 70% de votre fréquence cardiaque de réserve (FC max – FC repos).
Pourquoi la FC de réserve ?
Je parle en FC de réserve, parler en FC max n’a pas beaucoup de sens. Si vous avez une montre avec capteur de FC, vous avez votre FC de repos. Pour votre FC max, soit vous l’avez constatée lors d’un test spécifique, soit vous pouvez utiliser la formule de Karvonen : 208 – 0,7 x âge. Par exemple :
- si ma FC = 185, alors 70% de ma FC max représente 130 bpm, autant dire une intensité très basse.
- si je calcule plutôt avec la FC de reserve, et une FC de repos de 51 bpm d’après ma Suunto Race ; 70% de ma FC de reserve = 70% x ma FC de reserve (soit ma FC max – ma FC de repos, 185 – 51 = 134) + FC de repos. Cela nous donne 70% x 134 + 51 = 145 bpm. Cette intensité max me semble plus raisonnable, et est d’ailleurs assez proche de la fréquence cardiaque où se trouverait mon seuil ventilatoire 1, identifié dans un test d’effort (voir cet article du site).
Quel matériel et quelle alimentation sur un week-end choc ?
Matériel
Concernant le matériel à emmener sur un week-end choc, la première règle est pour moi d’emmener de quoi être en sécurité. Vous allez passer du temps en montagne seul, sans équipe médical prête à intervenir en cas de problème contrairement à lors d’une course. Couverture de survie, vêtements chauds de rechange, frontale et piles supplémentaires, sifflet, bandes élastiques, GPS … bref, vous devez avoir sur vous de quoi vous protéger et faire face à des intempéries. Si vous avez un doute sur quel matériel de sécurité emmener, demander à des spécialistes de la montagne.
Ensuite, inutile de vous surcharger volontairement, c’est-à-dire d’alourdir votre portage ! Le but est de s’entraîner de manière spécifique pour une compétition. Je recommande d’emporter le matériel obligatoire que la course impose, aindi que de quoi se nourrir correctement pendant toute la sortie, mais pas plus. Votre façon de vous déplacer pourrait changer avec le poids porté. Aussi, votre entraînement pendant un week-end choc pourrait ne pas se transférer parfaitement à votre locomotion du jour J si vous vous surchargez trop pendant ce dernier.
Quelle alimentation pendant un week-end choc ?
Option 1 : Le test “comme le jour J”
Pour l’alimentation, vous avez deux options à mon sens. La première est de consommer durant les sorties la même quantité de glucides que vous consommeriez sur la course. Cela vous permettra de tester votre plan d’alimentation en condition réelle, et d’ajuster ce dernier. Si vous ne savez pas comment préparer votre plan alimentaire pour une course, je vous renvoie à cet article et cet article du site.
Option 2 : Le gut training
La deuxième est de consommer plus de glucides que vous envisagez de consommer sur votre course. Cette option vous permettrait d’entraîner votre intestin à mieux tolérer des doses élevées de glucides, et donc de prévenir les troubles gastriques et intestinaux sur la course. Pour plus d’information sur comment faire cela, je vous renvoie à cet article du site.
Vous pouvez soit partir avec toute votre nourriture, soit croiser un proche à certains endroits stratégiques durant vos sorties, ou encore vous faire rejoindre quelque part avec du ravitaillement. Éventuellement, profitez de ce moment pour simuler un passage à un ravitaillement avec un ou une proche, et ainsi vous rapprocher encore des conditions de la compétition.
Moins manger pour performer ?
Vous remarquerez que “ne pas manger” ou “manger peu” n’est pas une option. Les entraînements avec de faibles apports n’ont aucun effet bénéfique supplémentaire, contrairement aux idées reçues (plus d’information ici), donc mangez pour être en forme ! Si vous avez un doute sur les bons apports, rappelez-vous que pour tous les efforts de plus de 2h-2h30 l’Academy of Nutrition and Dietetics, la Dietitians of Canada, l’American College of Sports Medicine et la German Nutrition Society recommandent 60 à 90 gr de glucides par heure avec un mélange maltodextrine : fructose à 1:0.8 par exemple (König et al., 2019 et Thomas et al., 2016). Pour découvrir les produits que j’utilise moi, et qui collent à ces recommandations, rendez-vous ici (CYRIL10 = -10%).
Quel repos après un week-end choc ?
Si vous avez bien respecté les consignes d’intensité émises ci-dessus, et que vous avez fait attention à ne pas être trop gourmand sur votre week-end choc (p. ex. un week-end choc de 100km – 6000m D+ alors que votre course la plus longue est un 30km – 1200m D+ serait selon moi totalement déraisonnable), vous devriez finir fatigué, mais pas au bout du rouleau.
Après un week-end choc, je recommande un repos complet de 72h à 96h (3 à 4J). Ensuite, envisagez une reprise en douceur avec des activités d’endurance à basse intensité qui augmente progressivement en durée. Reprenez avec du vélo ou de la course directement, selon vos sensations. Normalement, la fatigue d’un week-end choc disparaît en 1 semaine. Parallèlement, si 24h relativement sédentaire seront surement les bienvenues, n’hésitez pas à rester actif (p. ex. marche douce) les jours suivants.
Je vous conseille de surveiller vos sensations et des marqueurs comme votre variabilité de la fréquence cardiaque, ou votre fréquence cardiaque de repos, qui sont deux indicateurs de votre état de récupération. N’hésitez pas à rajouter du repos si plusieurs de ces indicateurs, et vos sensations pointent dans le sens d’une fatigue résiduelle. Pour plus d’informations sur comment bien récupérer, rendez-vous dans cet article.
Quantité de week-end choc et placement dans le calendrier.
À mon sens, 2 à 3 week-ends chocs avant une course sont suffisants. Dans son ouvrage, Guillaume Millet propose une fourchette allant de 2 minimum à 6 maximum par an. Cependant cette fourchette n’intègre pas forcément les courses de préparation qui ont, en certains aspects (p. ex. préparations aux descentes) les mêmes bénéfices que les week-end chocs, en plus d’avantages spécifiques (p. ex. rituel d’avant-course ; ravitaillement). Concernant leur fréquence, il faut évidemment laisser le temps au corps de récupérer complètement. De plus, un week-end choc est un type d’entraînement, et plein d’autres séances vous attendent pour performer sur vos courses à venir. Aussi, je pense qu’espacer les week-ends chocs d’un mois et demi est un minimum.
Concernant le placement de ces week-ends par rapport aux compétitions, j’ai dernièrement changer mon approche. En fin de préparation pour une course, une période d’affûtage (que je vous explique ici) améliore les performances. Or, pour que cette dernière soit efficace, il est préconisé de continuer à s’entraîner pendant 15J, mais de réduire le volume d’entraînement de 50%.
On vient de le dire, un week-end choc demande souvent un arrêt total pendant 3-4J, puis une reprise progressive, ce qui nous éloigne inévitablement des recommandations pour un affûtage optimal. Aussi, j’ai désormais tendance à recommander un dernier week-end choc entre 6 et 4 semaines avant l’échéance préparée. Ensuite, il me semble intéressant de reprendre une phase d’entraînement normal, avec une remontée en charge progressive. Cette dernière phase d’entraînement peut par exemple se terminer avec une dernière sortie longue un peu plus longue que d’habitude et des descentes un peu plus rapides que d’habitude, pour “restimuler” certaines adaptations, comme “l’effet protecteur”, spécifiques aux descentes, et déclenchées par le week-end choc.

Précautions particulières.
Tout d’abord, je souhaite insister sur le fait qu’un week-end choc n’est pas un week-end “destruction”. Par définition, un week-end choc choque l’organisme, lui demande un haut niveau d’adaptation, mais ne doit pas vous rendre incapable de vous entraîner normalement après quelques jours de repos. Un week-end choc est un moment d’entraînement particulièrement quantitatif, à basse intensité, et spécifique. Après celui-ci, vous aurez besoin de repos. Après ce repos, vous devez être en mesure de reprendre votre entraînement. Si ce n’est pas le cas, votre week-end choc n’était pas correctement calibré.
De plus, un week-end choc est synonyme de longues sorties et de fatigue. Ce type d’entraînement, et les chemins qui seront empruntés, se planifient donc minutieusement. Envisagez de partir à plusieurs si vous le pouvez, repérez des points d’eau, essayez de passer dans des villages qui peuvent vous permettre de vous arrêter ou de vous reposer en cas de problème. Avant de partir, prévenez vos proches de votre trace, des temps estimez, donnez-leur des nouvelles le plus régulièrement possible. Si vous le pouvez, partager votre position avec une application dédiée, tout en faisant attention à l’état de la batterie de votre téléphone. Ce dernier sera un de vos plus grands alliés en cas de problème, donc faites attention à son niveau de charge. Il vaut mieux ne plus avoir de musique pendant quelques heures, mais pouvoir prévenir les secours.
Enfin, amusez-vous ! Un week-end choc en trail c’est du temps en nature, et/ou en montagne, à pratiquer le sport qu’on aime, donc que du plaisir.
Exemples de week-end choc en trail
Ci-dessous, je vous propose quelques exemples de week-end choc en trail pour des courses connues et des formats classiques
Exemple – Week-end choc
Distance course | Dénivelé course | Nombre de jours | Distance par jour | Dénivelé par jour | Ratio dénivelé / distance | Distance total | Dénivelé total |
40 km | 2500 m | 2 | 20 à 25 km | 1200 à 1500 m | 63 | 40 à 50km | 2400 à 3000 m |
80 km | 5000 m | 2 | 40 à 45 km | 2200 à 2800 m | 63 | 80 à 90 km | 4500 à 5800 m |
100 km | 7000 m | 2 | 45 à 50 km | 3000 à 4000 m | 70 | 100 à 115 km | 7000 à 8000 m |
130 km | 9000 m | 3 | 40 à 50 km | 2700 à 3500 m | 70 | 120 à 150 km | 8000 à 10000 m |
170 km | 10 000 | 4 | 35 à 50 km | 2200 à 3000 m | 60 | 150 à 200 km | 9000 à 12 000 m |
Exemple week-end choc UTMB
Version “hors-parcours”
- 3 à 4J.
- Entre 150 et 200km.
- Entre 8000 et 12 000m.
- Ratio dénivelé/distance entre 55 et 60.
- Exemple de journée type 40km et 2500m
Version “reconnaissance UTMB”
-
- Variante 3J
- J1 Chamonix –> Les Chapieux (50km et 3200m)
- J2 Les Chapieux –> Champex (75km et 5000m)
- J3 Champex –> Chamonix (45km et 3000m)
- Variante 4J
- J1 Chamonix –> Les Chapieux (50km et 3200m)
- J2 Les Chapieux –> Courmayeur (30km et 2000m)
- J3 Courmayeur –> Champex (45km et 3000m)
- J4 Champex –> Chamonix (45km et 3000m)
- Variante 3J
Conclusion – Les week-ends chocs en trail
Les week-ends chocs constituent une stratégie d’entraînement intéressante pour optimiser la préparation aux trails longs et ultra-trails. Ils concentrent la charge d’entraînement quantitative sur une courte période tout en préservant la possibilité d’inclure du travail qualitatif les semaines précédentes et suivantes. Bien que peu documentés directement dans la littérature scientifique, leurs bénéfices peuvent être déduits de travaux sur la surcharge chronique contrôlée, la spécificité de l’entraînement, et l’effet protecteur des contractions excentriques répétées par exemple.
Pour être efficace, un week-end choc doit respecter plusieurs principes fondamentaux :
- Spécificité maximale. Terrain, ratio dénivelé/distance, type de foulée (alternance marche/course), conditions thermiques, matériel, alimentation et intensité doivent reproduire autant que possible les contraintes de la compétition ciblée.
- Volume conséquent mais maîtrisé. Le volume total peut représenter jusqu’à 100 à 115 % du format de course visé, répartie sur 2 à 3 jours consécutifs, avec une intensité majoritairement <70 % de la FC de réserve ou en zone 1, c’est-à-dire sous votre seuil ventilatoire 1.
- Nutrition adaptée. Visez un apport de 60 à 90 g/h de glucides en respectant un ratio glucose:fructose de 1:0.8, afin de tester et/ou entraîner votre tolérance digestive.
- Récupération. Prévoir 72 à 96 h de repos ou activité très légère, et surveiller les marqueurs de récupération (p. ex., FC de repos, HRV, douleurs musculaires perçues, fatigue perçue), avec un retour à un état baseliné attendu sous 7 jours.
Enfin, les week-ends chocs doivent être intégrés dans une périodisation cohérente. Il me semble pertinent de les positions entre 4 à 6 semaines avant un objectif, puis de terminer la préparation à ce dernier avec un dernier cycle d’entraînement normal avant affûtage. En résumé, bien conçus, les week-ends chocs permettent de répondre aux exigences spécifiques d’un ultra-trail tout en limitant les compromis imposés par le volume hebdomadaire. Encore faut-il qu’ils soient calibrés de façon rigoureuse, individualisés et intégrés dans un cadre global d’entraînement raisonné.
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Partie 2 – Mon interview d’un expert – Guillaume Millet
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Références bibliographiques.
• König, D., Braun, H., Carlsohn, A., Großhauser, M., Lampen, A., Mosler, S., … & Heseker, H. (2019). Carbohydrates in sports nutrition. Position of the working group sports nutrition of the German Nutrition Society (DGE). Ernahrungs Umschau, 66(11), 228-235.
• • Millet, G. (2022). Ultra-trail: plaisir, performance et santé. Outdoor édition. 2e édition.
• Thomas, D. T., Erdman, K. A., & Burke, L. M. (2016). Position of the Academy of Nutrition and Dietetics, Dietitians of Canada, and the American College of Sports Medicine: nutrition and athletic performance. Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, 116(3), 501-528.