Vous vous demandez comment utiliser la caféine en trail et en ultra-trail ? Cet article est pour vous
La caféine en trail
Une utilisation courante dans le sport
La caféine est la substance psychoactive la plus consommée dans le monde. Elle est présente dans des aliments et boissons tels que le café, le thé, le cacao et certaines boissons énergétiques. Dans le contexte sportif, elle est régulièrement employée afin d’optimiser la performance physique et cognitive (comme dans la vie courante, ceci dit). En sport, la caféine a fait l’objet de nombreuses recherches, et ses effets ergogéniques (c.-à-d. qui améliore le travail musculaire, les performances) sur l’endurance sont désormais bien établis.
Historiquement, la caféine a été étudiée pour son rôle, supposé, dans l’épargne du glycogène musculaire, au profit d’une utilisation accrue des lipides. Toutefois, dans leur revue de littérature Guest et al., (2021) expliquent que ses mécanismes d’action sont surtout d’ordre neuromusculaire et central, via le blocage des récepteurs de l’adénosine et une stimulation accrue de certains neurotransmetteurs.
Pour la petite histoire, des études chez l’animal ont montré que l’injection de caféine directement au niveau du cerveau prolongeait le temps de course. Néanmoins, une injection uniquement périphérique, dans le muscle, ne produisait pas cet effet. Cela renforce l’idée que les effets de la caféine passe en grande partie par une action sur le système nerveux central.
Les effets de la caféine en font un outil intéressant pour les sports d’endurance prolongée, tels que le marathon, le cyclisme et bien sûr le trail et l’ultra-trail.
La caféine dans le trail et l’ultra-trail
Dans le contexte du trail et de l’ultra-trail, la caféine joue un double rôle. D’une part, elle va favoriser, dans une petite mesure (voir plus bas), la performance pure. D’autre part, elle va également avoir des effets cognitifs utiles en ultra-trail, comme par exemple la réduction de la somnolence et l’augmentation des capacités d’attention.
De plus, la une méta-analyse de Shen et al., en 2019 a montré que l’effet de la caféine est dépendant de la durée des épreuves. Nous en reparlerons par la suite. Notons déjà que ce résultat souligne son intérêt dans le cadre du trail et de l’ultra. Par ailleurs, Tiller et al., en 2021 ont montrait que les coureurs n’ont pas attendu la science. Dans leur revue, ils mentionnent que des athlètes engagés sur une course de 100 miles avaient consommé en moyenne 912 ± 322 mg de caféine répartis sur 15 à 19 heures de course.
Le café, bon pour la santé ?
Avant de rentrer dans les détails de l’utilisation de la caféine en trail et en ultra, je voulais faire un crochet par quelques études dans le domaine de la santé. La consommation régulière de café est plutôt associée à des bénéfices sur cette dernière. Quelques exemples :
- Wang et al., 2025 ; étude prospective sur 41 000 personne. ➡️ La consommation régulière de café est associée à une diminution de 16% de la mortalité.
- Xie et al., 2018, méta-analyse. ➡️ 2, 4, 6 et 8 tasses de café réduisent respectivement de 2, 4, 6 et 8% les risques d’hypertension.
- Maso et al., 2021, méta-analyse. ➡️ 3 à 4 tasses de café par jour (d’environ 120 mL chacune) réduit les risques de nombreuses maladies chroniques comme certains cancers et le diabete de type 2.
- Grosso et al., 2015, méta-analyse. ➡️ la consommation de caféine régulière favorise la santé mentale.
- Poole et al., 2017, méta-analyses gigantesques. ➡️ Boire du café en quantité modérée (3 – 4 tasses par jour) réduit de 17 % les risques de décès toutes causes confondues, de 19 % le risque de mortalité cardiovasculaire et de 15 % le risque de maladies cardiovasculaires.
La seule contre-indication qui ressort dans la littérature concerne les femmes enceintes. Chez ces dernières, une consommation accrue (+ de 200mg par jour) serait à proscrire d’après Antonio et al., en 2024. Notons enfin que souvent, les études parlent de relation non linéaire entre le café et la santé. Boire du café en quantité modérée semble plus bénéfique que ne pas en boire du tout, tandis que la surconsommation (> 6-8 tasses/jour) pourrait être contre-productive, voire délétères.
Les effets de la caféine sur la performance en endurance
Mécanismes et effets de la caféine dans le sport
L’effet ergogénique de la caféine repose sur des mécanismes d’action multiples, au niveau central et périphérique.
Mécanismes au niveau central
Au niveau du système nerveux central, la caféine agit en bloquant les récepteurs de l’adénosine. Tarnopolsky en 2008 explique qu’il s’agit d’un neuromodulateur impliqué dans la sensation de fatigue et de somnolence. En inhibant ces récepteurs, la caféine augmente la libération de neurotransmetteurs excitateurs tels que la dopamine et la noradrénaline. Cela a pour effet d’améliorer la vigilance, réduire la sensation de fatigue et retarder la baisse de motivation.
Mécanismes au niveau périphérique
Au niveau périphérique, soit musculaire, la caféine augmente l’efficacité de l’excitation-contraction. En réalité, cette dernière favorise la libération du calcium intra-musculaire à partir du réticulum sarcoplasmique (réseau situé en périphérie des fibres musculaires et qui libèrent ce calcium, nécessaire à la contraction). Cela a pour effet direct d’améliorer la capacité à se contracter des fibres musculaires.
Les effets de la caféine en trail et en endurance
La caféine améliore la performance en endurance
La méta-analyse de Southward et al. en 2018, a regroupé 46 études randomisées contrôlées. C’est une des rares méta-analyses dans la littérature qui s’intéresse uniquement aux effets de la caféine sur les sports d’endurance. Il en existe beaucoup plus dans le contexte des performances en force, mais celles-ci ne me semblaient pas pertinentes ici.

Donc, leur analyses ont montré que la consommation de caféine engendrait une amélioration moyenne de 2,3 % du chrono sur des épreuves type contre-la-montre, et de 2,9 % de la puissance moyenne. Ces bénéfices, bien que relativement modestes (mais il s’agit de caféine, pas d’un produit dopant, nous en reparlerons plus tard), peuvent néanmoins s’avérer déterminants en compétition, surtout combinés à leurs effets sur la vigilance.
La caféine réduit la perception d’effort
En 2005, la méta-analyse de Doherty et Smith a démontré un autre effet intéressant. En regroupant 21 études indépendantes, ils ont montré que la prise de caféine réduisait significativement la perception de l’effort (RPE). Leurs résultats montrent une réduction moyenne de 5,6 % du RPE avec caféine. De manière intéressante, d’autres analyses de cette étude montrent que cette baisse de perception d’effort est responsable d’environ 30% de l’améliorations des performances observées après ingestion de caféine.
La caféine : des effets cruciaux en cas de privation de sommeil
Des effets qui, moi, me semblent particulièrement intéressant à discuter dans le contexte de l’ultra-trail, concerne les effets de la caféine en cas de privation de sommeil. La méta-analyse de Irwin et al. en 2020 a montré que la consommation de caféine après une restriction ou une privation de sommeil améliore significativement plusieurs fonctions cognitives essentielles à la performance sportive, certes, mais surtout à la sécurité des athlètes.
Cette dernière a entraîné des améliorations des temps de réaction, de la vigilance de l’attention et du traitement de l’information. L’étude met aussi en lumière des effets bénéfiques sur le contrôle moteur et la prise de décision. Ces effets sont d’autant plus pertinents que la fatigue cognitive résultant d’un sommeil insuffisant est un facteur majeur de contre-performance et de blessures dans les sports d’endurance.
En effet dans le cadre du trail et de l’ultra-trail, les pratiquants doivent faire face à une privation de sommeil marquée et une fatigue accumulée. Alors, la diminution du temps de réaction et l’amélioration, ou au moins le maintien, des capacités cogntives pourraient par exemple à prévenir les chutes, les blessures traumatiques comme les entorses, ou encore les erreurs de prise de décision comme le non-respect / l’oublie, du plan alimentaire.
La caféine : plus c’est long, plus ça marche !
Une autre raison qui me fait considérer la caféine comme particulièrement pertinente en trail et en ultra-trail est que ses effets évoluent avec la durée de l’effort. La méta-analyse de Shen et al., en 2019 a regroupé 56 études.
Les résultats ont révélé une relation linéaire entre la durée de l’épreuve et l’amélioration de la performance permises par la caféine. Plus la durée de l’effort augmente, plus le bénéfice de la caféine serait important. L’étude indique qu’à chaque augmentation de 30 minutes de l’épreuve, l’ampleur des effets de la caféine augmente.
En pratique, cela signifie que l’utilisation de la caféine pourrait être stratégiquement plus bénéfique sur les efforts prolongés.
La caféine est-elle efficace chez tout le monde ?
La réponse à la caféine est hétérogène d’un individu à l’autre. Elle est influencée par des facteurs génétiques, physiologiques et comportementaux.
Faut-il arrêter de boire du café avant d’en consommer en course ?
Tout d’abord, une question récurrente concerne l’impact de la consommation habituelle de caféine sur ses effets. Des hypothèses avancent que les consommateurs réguliers pourraient développer une tolérance qui réduirait son efficacité. La méta-analyse de Carvalho et al. (2022) a répondu à cette question.
En regroupant 59 études indépendantes, soit plus de 1100 participants, ces auteurs ont montré que l’amélioration de la performance induite par la caféine est indépendante du niveau de consommation habituel. Autrement dit, le sevrage de café avant une compétition est inutile. Les recommandations préconisant une réduction de la consommation plusieurs jours avant un événement, relève donc plus de la croyance populaire, que d’une réalité démontrée.
Cette méta-analyse est d’ailleurs intéressantes pour ses analyses de sous-groupes. Ces dernières montrent que le caféine a des effets positifs significatifs quelque soit le sport, le niveau d’entraînement des sportifs, le sexe des athlètes, l’habitude de consommation, et la durée d’abstinence de café avant la prise. Seule les effets selon le dosage changent (voir ci-dessous).

La caféine fonctionne-t-elle chez les débutants en trail ?
L’effet de la caféine sur la performance pourrait être influencé par le niveau d’entraînement des athlètes. Cependant, les résultats des études à ce sujet restent contradictoires. À ma connaissance, seule la méta-analyse de Wang et al. (2023), publiée malheureusement dans une revue prédatrice, a examiné cette question. Leurs résultats montrent que, en comparant les effets de la caféine entre des athlètes entraînés et débutants, aucune différence significative n’existerait.
Guest et al. (2021) ont aussi examiné la question de l’influence du niveau d’entraînement sur les effets de la caféine en endurance. Ils ont aussi conclu qu’il n’existe pas de différence significative entre athlètes entraînés et non entraînés. Plusieurs études incluses dans leur revue ont comparé ces populations et ont observé des améliorations similaires de la performance avec de la caféine.
Tous ces résultats suggèrent que l’effet ergogénique de la caféine en endurance est indépendant du niveau d’entraînement, et que la variabilité individuelle – notamment génétique – serait un facteur plus déterminant que le statut d’entraînement d’athlète.
Caféine et génétique
Les réponses à la caféine sont également influencées par des facteurs génétiques, notamment via l’enzyme CYP1A2. Cette dernière joue un rôle clé dans son métabolisme au niveau du foie. Deux types de profils d’individus sont généralement identifiés :
- Les métaboliseurs “rapides” (génotype AA). Ces derniers dégradent la caféine plus efficacement et semblent mieux répondre à sa consommation en termes de performance.
- Les métaboliseurs “lents” (génotype CC). Eux éliminent la caféine plus lentement. Ils sont plus susceptibles de ressentir ses effets secondaires, comme l’anxiété ou les troubles du sommeil.
Une autre variation génétique concerne le gène ADORA2A, impliqué dans la sensibilité aux effets neurologiques de la caféine. Certaines personnes y sont plus sensibles. Elles peuvent ressentir par exemple une amplification de l’excitation nerveuse. D’autres présentent une tolérance plus élevée. Ces différences génétiques expliquent en grande partie pourquoi certains athlètes ressentent une amélioration marquée de leur performance, tandis que d’autres perçoivent peu d’effets, voire des réactions négatives.
Dosage et timing de prise de la caféine
Avant de rentrer dans cette partie, et pour ne pas trop vous surprendre avec les valeurs avancés, voici un référentiel des doses de caféine que l’on peut retrouver dans des produits de la vie quotidienne.
- Une tasse de café filtré (150 ml) contient 120 mg de caféine.
- Un expresso contiendrait 75 mg de caféine.
- Un café instantané en contient 70 mg.
- Un thé noir en apporte 50 mg.
- Un sodas contenant de la caféine (colas) en contiennent entre 30 et 60 mg par canette (360 ml).
- Le chocolat et le cacao en contiennent des quantités plus faibles (~7 mg par portion).
Enfin, en Amérique du Nord, la consommation quotidienne moyenne de caféine serait environ de 2,4 mg/kg de poids corporel chez les adultes.
Quelle quantité de caféine en trail ?
Quand on parle de dosage de caféine, il faut garder à l’esprit que les effets de cette dernière ne suivent pas une relation dose-réponse linéaire. Les travaux s’accordent aujourd’hui sur la même quantité optimale de caféine.
- La revue de Guest et al., 2021 avance qu’une dose comprise entre 3 et 6 mg/kg de masse corporelle est considérée comme optimale pour améliorer la performance, sans générer d’effets secondaires excessifs.
- Doherty et Smith, en 2005, parlent d’un équivalent de 2 à 4 tasses de café. Cela correspond également à 4 à 6 mg/kg de caféine.
- La revue de littérature de Burke en 2008 préconise 3 à 6 mg/kg de poids de corps, mais souligne que plus de 3 à 4 mg représente déjà une dose élevée.
- La méta-analyse de Shen et al. en 2019 trouve, dans les études inclues, un dosage moyen dans les études de 5 mg/kg de poids de corps.
- Les analyses de sous-groupe de la méta-analyse de Carvalho et al., 2022 vont dans le même sens. Elles montrent que 3-6 mg/kg étaient les doses plus efficaces. Des doses supérieures à 6 mg/kg ne montraient pas de bénéfice supplémentaire et pouvaient même être contre-productives.
Une littérature homogène sur la quantité de caféine optimale
Bref, vous l’avez compris tout le monde est d’accord. Mon avis est que les doses étant élevées augmentant les risques d’effets secondaires, et des doses autour des 3-4 mg / kg de poids de corps démontrant déjà leurs effets, et étant proche de ce que nous pourrions consommer “dans le quotidien”, ce dosage est largement suffisant.

Notons tout de même que des doses faibles (p. ex. 1,5 ou 2 mg/kg de poids de corps) semblerait trop petites pour être efficaces. De même, des doses plus hautes (p. ex. 9 mg/kg de poids de corps) sont associées à un risque accru d’effets secondaires sans bénéfices supplémentaires notables sur la performance, en plus de pouvoir être considéré comme dopant par certaines fédérations.
Timing d’ingestion de la caféine :des stratégies différentes selon la durée de l’épreuve
Le moment de la prise influence l’efficacité de la caféine, et la stratégie doit être adaptée selon la durée de l’épreuve. Pour moi, cela se résume en deux stratégies possibles, une pour les formats courts et une pour les formats longs.
Trail court (< 3h) : une prise unique avant le départ
Pour les épreuves courtes et intenses, la meilleure approche consiste à prendre une dose unique de 3 à 4 mg/kg environ 60 minutes avant le départ. Ce délai permet d’atteindre un pic de caféine lorsque la demande physiologique est maximale.
Trail long et ultra-trail : une ingestion répétée
Dans les courses de plusieurs heures voire plus de 24h, une prise unique en début de course sera contre-productive en raison de la demi-vie de la caféine, soit sa durée d’élimination. Une approche plus adaptée consiste à fractionner les prises tout au long de l’épreuve, au moment où cela sera le plus utile, comme par exemple la nuit, ou sur une fin de course. Car rappelons le, Shen et al. (2019) ont montré que la caféine est plus efficace à mesure que la fatigue s’accumule.
Pour bien comprendre comment prendre la caféine de manière répétée, parlons un instant de sa demi-vie.
La demi-vie de la caféine
La caféine atteint un pic plasmatique en 60 minutes environ. Ensuite, 50% de sa concentration est éliminée toutes les 4 à 6 heures. Cette durée peut varier en fonction de la génétique, de la fatigue, de l’intensité de l’effort, mais en moyenne sa demi-vie serait donc de 4 à 6 heures.
Quantité optimal de caféine en ultra-trail
Aussi, si vous consommez de la caféine sur vos ultra-trail, il me semble intéressant de faire attention à cette demi-vie pour ne pas vous retrouver avec une concentration trop élevée dans le sang. Par exemple, consommer l’équivalent de 3 mg / kg une heure avant ses effets souhaités, puis l’équivalent de 1,5 mg / kg 5 à 6 heures plus tard, me semble être une stratégie prudente.
Ce site vous aidera à calculer ces prises en y renseignant les aliments caféinés que vous souhaitez consommer, et donc vous aidera à surveiller que vous ne dépasserez pas un dosage raisonnable.

Caféine et glucides, des effets synergiques
L’association de la caféine et des glucides semble cruciale pour son efficacité. La méta-analyse de López-Seoane et al. (2024) a examiné cette combinaison sur la performance en endurance. Elle a mis en évidence un effet synergique entre caféine et glucides, et l’explique par une raison simple. Les glucides assurent une source d’énergie cruciale en endurance (je vous en parlais ici), alors que la caféine agit sur le système nerveux central. Il s’agit donc de mécanismes distincts.
Vulgairement, à quoi bon pouvoir accélérer plus fort, s’il n’y a pas d’essence dans le moteur ?
Quelques mythes autour de la caféine
Avant de conclure, j’aimerais déconstruire un ou deux mythes qui gravitent autour de la caféine, et quelques précautions.
La caféine est-elle déshydratante ?
L’idée que la caféine entraîne une déshydratation repose sur son effet diurétique potentiel. Toutefois, les recherches récentes montrent que cet effet est presque inexistant pendant l’exercice. La méta-analyse de Zhang et al. (2015) a montré que la consommation de caféine n’induisait pas d’augmentation significative du volume urinaire chez des athlètes hydratés. Une raison est qu’à l’effort, la production d’urine est réduite, ce qui atténue encore plus l’effet diurétique du café observé au repos.
La caféine est-elle risquée quand il fait chaud chaleur
Un autre mythe fréquent est que la caféine pourrait être délétère lorsqu’il fait chaud. La méta-analyse de Naulleau et al. (2021) a examiné cette question. Elle a montré que l’ingestion de caféine n’entraîne qu’une augmentation marginale de la température corporelle centrale pendant un effort en conditions chaudes. Cette légère hausse ne semble pas avoir d’effet négatif sur la thermorégulation, la transpiration ou l’équilibre hydrique global des athlètes.
Caféine : dopage et précautions
La caféine n’est pas un produit dopant. Cela vient en grande partie du fait que les doses discutées jusqu’ici équivalent (voire sont en deça) de ce qui consommé dans le quotidien de 90% des individus dans le monde. Discuter des dosages dans cet article me semble cruciale puisque les concentration dans les produits présents dans le commerce questionnent souvent. Aussi, connaitre les recommandations de dosage permet la lecture de ces produits de manière éclairée.
Cependant, si la caféine a des effets positifs sur les performances, elle doit néanmoins être utilisée avec précaution. Mon conseil est de ne pas dépasser les doses avancées par la littérature. Au contraire, gardez en tête que trop de caféine n’a pas plus d’effets bénéfiques mais plus de risques d’effets secondaires. De plus, tester sa consommation en entraînement avant de l’utiliser en compétition. Enfin, prêtez une attention particulière aux sources de caféine disponibles sur le marché, car leur concentration varie considérablement. Par exemple, certains gels contiennent 40 mg par produit, alors que d’autres contiennent 200 mg. Vérifier la teneur des produits utilisés permet d’éviter une surconsommation involontaire.
Conclusion – La caféine en trail et ultra-trail
La caféine s’impose comme l’un des ergogènes les plus étudiés et validés en endurance. Son efficacité repose sur des mécanismes centraux et périphériques. Ensemble, ils permettent après consommation l’amélioration des performances en endurance, et de fonctions cognitives cruciales en trail. Son impact augmenterait à mesure que la durée des épreuves augmente.
L’ingestion de caféine doit être complémentaire à celle des glucides, et adaptée à la durée de l’effort. Pour un trail court (< 3h), une prise unique de 3 à 4 mg/kg de poids corporel environ 60 minutes avant le départ semble idéal. Pour un trail long ou un ultra-trail, une ingestion fractionnée est préférable. Une stratégie efficace en ultra-trail pourrait consister à prendre 3 mg/kg 1h avant les effets souhaités, puis 1.5 mg/kg 6 heures plus tard, après que 50% de sa concentration ait été éliminée. Notons qu’au delà de 3 à 6 mg / kg, il n’existe pas d’effets supplémentaires positifs, mais plus d’effets secondaires délétères.
L’utilisation de la caféine doit être individualisée, en raison d’une grande variabilité interindividuelle, influencée par la génétique (métaboliseurs rapides vs. lents), mais pas par l’habitude de consommation. Aussi, le sevrage de caféine avant une épreuve est inutile. Enfin, la caféine est un élément du quotidien, injecté à plus ou moins haute dose dans la pratique sportive. Consommer intelligemment, elle sera un petit coup de pouce favorisant la performance, et pouvant diminuer le risque d’erreur menant, par exemple, à la blessure.
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Partie 1 – Mes explications
Partie 2 – Mon interview d’une experte, Laura Pomportes
Références bibliographiques
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