Interview de Vincent Bouillard – De l’ombre à la lumière

Dans cet épisode du podcast Courir Mieux, on part à la rencontre de Vincent Bouillard, vainqueur inattendu — mais pas du tout improbable — de l’UTMB 2024. Derrière cette victoire, il y a un passionné d’entraînement, un coureur discret et méthodique, ingénieur produit chez Hoka, qui a construit son niveau patiemment, loin des radars, avant d’exécuter un plan parfaitement maîtrisé le jour J.

Entre sa passion pour l’ultra, son approche autonome de l’entraînement, son parcours pro dans l’industrie du sport, et ses réflexions profondes sur la performance, Vincent nous offre un témoignage rare sur ce qu’il faut pour percer au plus haut niveau, sans jamais brûler les étapes.

L’entraînement comme moteur

Très tôt, Vincent comprend que ce n’est pas la compétition qui le fait vibrer, mais le plaisir d’allonger les distances et de s’entraîner régulièrement. Loin d’un parcours linéaire, il passe des formats courts à l’ultra avec curiosité et humilité, en s’écoutant et en expérimentant : « Avant même de parler de performance, ça marchait parce que ça me plaisait. »

Après un 80 km raté en Californie, il n’a qu’une envie : y retourner. Non pour « gagner », mais parce que le chemin lui plaît. C’est cette constance et cette fidélité à l’entraînement qui le porteront jusqu’à la ligne d’arrivée de l’UTMB, onze ans plus tard. Loin des projecteurs, Vincent boucle un ultra aux États-Unis, puis décroche en 2023 une cinquième place à la Maxi-Race. En 2024. Ensuite, il réalise un coup de maître à Chamonix : une exécution millimétrée, un plan respecté de bout en bout, et une victoire qu’il partage avec son entourage proche. « Je venais pas pour gagner. Je venais exécuter un plan. »

Aujourd’hui, il a structuré sa vie autour de ses objectifs sportifs. Employé chez Hoka depuis neuf ans, il est passé à mi-temps pour se donner les moyens de s’entraîner et récupérer correctement, tout en continuant de contribuer à la conception de chaussures de trail au sein de la marque.En 2025, Vincent s’alignera sur la Western States 100, avec l’envie de s’adapter à un nouveau terrain de jeu, plus roulant, plus chaud, plus rapide. Son approche reste la même : construire, tester, apprendre, progresser. Et rester fidèle à ce qui l’a mené là : l’amour de l’entraînement, la patience, et l’envie d’explorer ses limites, toujours un peu plus loin.

Extraits de l’interview de Vincent Bouillard

3 questions clés pour Vincent

• Quel moment a marqué un tournant dans ta carrière ? « Je dirais la rencontre avec ma compagne, Kamila. C’est elle qui m’a poussé à croire en mes capacités, à structurer un vrai projet autour de l’UTMB. C’est aussi grâce à elle que j’ai osé poser des bases solides, à la fois mentales et logistiques, pour passer un cap. »
• Comment structures-tu ton entraînement ? « Je m’entraîne seul, mais je croise beaucoup mes ressentis avec les datas. Je garde toujours une séance de PMA et une séance au seuil chaque semaine, j’intègre beaucoup de vélo, et je varie souvent les formats. Je joue même parfois avec la durée des intervalles pour me déshabituer de certains repères. »
• Quelle est ta stratégie nutritionnelle en course ? « Je mange quasiment tout en liquide : boisson, purées, gels, mais zéro solide. C’est ce qui me convient le mieux, je l’ai validé à l’entraînement, et ça me permet de garder une régularité sans dérèglement digestif. »

Les chaussures de Vincent Bouillard
L’alimentation de Vincent Bouillard

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